LEADER 29522nam 2200409 450 001 9910132582803321 005 20240206184540.0 010 $a1-4123-6680-1 035 $a(CKB)3680000000165843 035 $a(NjHacI)993680000000165843 035 $a(EXLCZ)993680000000165843 100 $a20240206d2008 uy 0 101 0 $afre 135 $aur||||||||||| 181 $ctxt$2rdacontent 182 $cc$2rdamedia 183 $acr$2rdacarrier 200 13$aLa descendance de l'homme et la selection sexuelle$hTome 9 /$fCharles Darwin 210 1$aChicoutimi :$cJ.-M. Tremblay,$d2008. 215 $a1 online resource (749 pages) 327 $aPre?face de Ch. Darwin a? la deuxie?me e?dition anglaise, 1874.--Pre?face de Carl Vogt pour la premie?re e?dition, 1869.--Introduction de l'auteur------Premie?re partie.--La descendance de l'Homme------Chapitre I. Preuves a? l'appui de l'hypothe?se que l'homme descend d'une forme infe?rieure----Chapitre II. Sur le de?veloppement de l'homme de quelque type infe?rieur----Chapitre III. Comparaison des faculte?s mentales de l'homme avec celles des animaux infe?rieurs----Chapitre IV. Comparaison des faculte?s mentales de l'homme avec celles des animaux infe?rieurs (suite)----Chapitre V. Sur le de?veloppement des faculte?s intellectuelles et morales pendant les temps primitifs et les temps civilise?s----Chapitre VI. Affinite?s et ge?ne?alogie de l'homme----Chapitre VII. Sur les races humaines------Deuxie?me partie.--La se?lection sexuelle------Chapitre VIII - Principes de la se?lection sexuelle--Chapitre IX. Les caracte?res sexuels secondaires dans les classes infe?rieures du re?gne animal----Chapitre X. Caracte?res sexuels secondaires chez les insectes----Chapitre XI. Insectes, suite - Ordre des le?pidopte?res (papillons et phale?nes)----Chapitre XII. Caracte?res sexuels secondaires des poissons, des amphibies et des reptiles----Chapitre XIII. Caracte?res sexuels secondaires des oiseaux----Chapitre XIV. Oiseaux (suite)----Chapitre XV. Oiseaux (suite)----Chapitre XVI. Oiseaux (fin)----Chapitre XVII. Caracte?res sexuels secondaires chez les mammife?res----Chapitre XVIII. Caracte?res sexuels secondaires chez les mammife?res (suite)----Chapitre XIX. Caracte?res sexuels secondaires chez l'homme----Chapitre XX. Caracte?res sexuels secondaires chez l'homme (suite)----Chapitre XXI. Conclusion principale : l'homme descend de quelque type infe?rieur--Note supple?mentaire. 330 $aMon ami, M. Reinwald, me demande une pre?face pour le nouveau livre de M. Darwin dont j'ai vu nai?tre la premie?re e?dition de la traduction franc?aise. M. Darwin me fait l'honneur de citer, a? la premie?re page de son ?uvre, une phrase prononce?e dans un discours que j'avais adresse?, en avril 1869, a? l'Institut national genevois. Je ne crois pouvoir re?pondre mieux a? la demande de mon e?diteur et ami, qu'en mettant ici, et a? la place d'une pre?face, la plus grande partie de ce discours qui a rec?u une approbation si flatteuse de la part d'un mai?tre tel que M. Darwin : Dans toutes les sciences naturelles, nous pouvons signaler une double tendance des efforts faits pour les pousser plus loin et pour leur faire porter les fruits que la socie?te? est en droit d'attendre d'elles. D'un co?te?, la recherche minutieuse, seconde?e par l'installation d'expe?riences aussi de?gage?es que possible d'erreurs et de perturbations ; de l'autre co?te?, le rattachement des re?sultats obtenus a? certains principes ge?ne?raux dont la porte?e devient d'autant plus grande qu'ils engagent a? de nouvelles recherches dans des branches de la science en apparence entie?rement e?trange?res a? celle dont ils de?coulent en premier lieu. Enfin, au fond de ce mouvement qui domine dans les sciences et par conse?quent aussi dans la socie?te? (car on ne peut plus nier aujourd'hui que ce soit les sciences qui marchent a? la te?te de l'humanite? entie?re), au fond de ce mouvement, dis-je, s'aperc?oit ce besoin d'affranchissement de la pense?e, ce combat incessant contre l'autorite? et la croyance transmise, he?rite?e et autoritaire, qui, sous mille formes diverses, agite le monde et tient les esprits en e?veil. Aussi voyez-vous ce courant de liberte?, d'affranchissement et d'inde?pendance au fond de toutes les questions qui surgissent les unes a? co?te? des autres dans le monde politique, religieux, social, litte?raire et scientifique ; - ici, vous le voyez parai?tre comme tendance au self-government, la? comme critique des textes dits sacre?s ; les uns cherchent a? e?tablir, pour les conditions d'existence de la socie?te? et des diverses classes qui la composent, des lois semblables a? celles qui gouvernent le monde physique, tandis que les autres soumettent a? l'e?preuve des faits et des expe?riences les opinions et les assertions de leurs devanciers, pour les trouver, le plus souvent, contraires a? ce qu'enseignent les recherches nouvelles. Partout se forment deux camps, l'un de re?sistance, l'autre d'attaque ; partout nous assistons a? des luttes opinia?tres, mais dans lesquelles triomphera sans doute la raison humaine, de?gage?e de pre?juge?s et d'erreurs implante?es dans le cerveau par he?ritage et par l'enseignement pendant l'enfance. Ces luttes, toujours profitables a? l'humanite?, mettent en plein jour les liaisons qui existent entre les diffe?rentes branches des connaissances humaines ; aucune ne saurait plus pre?tendre a? un domaine absolu, et souvent les armes offensives et de?fensives doivent e?tres cherche?s dans un arsenal e?tabli en apparence bien loin du camp dans lequel on s'est enro?le? primitivement. En me?me temps, la somme de nos connaissances acquises s'accroi?t avec une telle rapidite?, que l'organisation humaine la plus amplement doue?e ne suffit plus pour embrasser au complet, me?me une branche isole?e. Aussi me permettrez-vous de restreindre mon sujet et de rechercher seulement, dans le petit domaine dont je me suis plus spe?cialement occupe?, les manifestations de cette tendance ge?ne?rale que je viens de signaler. Comment se manifeste dans l'e?tude des sciences biologiques s'occupant des e?tres organise?s et ayant vie, cet esprit d'inde?pendance, cette tendance a? briser les liens qui empe?chaient jusqu'ici le libre de?veloppement de ces sciences ? D'une manie?re bien simple, messieurs. On ne croit plus a? une force vitale particulie?re, dominant tous les autres phe?nome?nes organiques et attirant dans son domaine inabordable tout ce qui ne cadre pas a? premie?re vue avec les faits connus dans les corps inorganiques ; on ne part plus, comme d'un axiome e?leve? au-dessus de toute de?monstration, de l'ide?e d'un principe immate?riel de la vie qui n'est combine? avec le corps que temporairement et qui continue son existence me?me apre?s la destruction de cet organisme par lequel seul il se manifeste ; - non, on laisse absolument de co?te? ces questions et ces pre?tendus principes tire?s d'un autre ordre d'ide?es, et on proce?de a? l'analyse du corps organise? et de ses fonctions comme on proce?derait a? celle d'une machine tre?s complique?e, mais dans laquelle il n'y a aucune force occulte, aucun effet sans cause de?montrable ; - on part, en un mot, du principe que force et matie?re ne font qu'un, que tout dans les corps organiques, n'est que transformations et transpositions incessantes, compensation perpe?tuelle. Et en appliquant ce principe a? l'e?tude des corps organise?s, en s'affranchissant, en un mot, de toute ide?e pre?conc?ue et implante?e, on arrive non seulement a? des re?sultats et a? des conclusions qui doivent rejaillir fortement sur d'autres domaines, on est me?me conduit a? la conception d'expe?riences et d'observations qui auraient e?te? impossibles, inimaginables dans une e?poque ante?rieure ou? toutes les pense?es e?taient domine?es par l'ide?e d'une force vitale particulie?re. Dans ces temps-la?, un mouvement e?tait le re?sultat d'une volonte? dicte?e par cette force vitale ; aujourd'hui il est devenu la conse?quence ne?cessaire d'une irritation du syste?me nerveux, et, pour le produire, l'organisme ne de?pense pas de la force vitale, mais une quantite? parfaitement de?termine?e et mesurable de chaleur, engendre?e par la combustion d'une quantite? aussi de?termine?e, de combustible que nous introduisons sous forme d'aliment. Le muscle, qui se contracte, n'est aujourd'hui qu'une machine, dont les effets de force sont de?termine?s aussi rigoureusement que ceux d'un ca?ble de grue, et cette machine agit aussi longtemps qu'elle n'est pas de?range?e, avec autant de pre?cision qu'un ca?ble inanime?. Aujourd'hui, nous de?tachons un muscle d'une grenouille vivante, nous le mettons dans les conditions ne?cessaires pour sa conservation, en empe?chant sa dessiccation et sa de?composition, nous lui donnons, comme du charbon a? une machine, de temps en temps le sang ne?cessaire pour remplacer la matie?re bru?le?e par l'oxyge?ne de l'air, - et ce muscle isole?, sous cloche, se?pare? de l'organisme, non depuis des heures et des jours, mais me?me depuis des semaines, ce muscle travaille sur chaque irrigation que nous lui transmettons par l'e?lectricite? aussi exactement qu'une spirale de montre de?s qu'il est monte? ! Aujourd'hui, nous de?capitons un animal, - nous le laissons mourir comple?tement, - mais, apre?s cette mort, nous injectons dans la te?te du sang d'un autre animal de la me?me espe?ce battu et chauffe? au degre? ne?cessaire, - et cette te?te revit, rouvre ses yeux, et ses mouvements nous prouvent que son cerveau, organe de la pense?e, fonctionne de nouveau et de la me?me manie?re comme avant sa de?capitation. Je ne veux pas m'e?tendre ici sur les conse?quences que l'on peut tirer de ces expe?riences. La physique inorganique nous prouve que chaleur et mouvement ne sont qu'une seule et me?me force, - que la chaleur peut e?tre transforme?e en mouvement et vice versa ; - la physique organique, car c'est ainsi qu'on peut appeler aujourd'hui cette branche de la biologie, nous de?montre que les me?mes lois re?gissent l'organisme ; - nous mesurons le mouvement de la pense?e, nous de?terminons la vitesse, peu conside?rable du reste, avec laquelle elle se transmet, et nous appre?cions la chaleur de?gage?e dans le cerveau par ce mouvement. Mais, je le re?pe?te, nous n'aurions pu arriver a? ces expe?riences et a? leurs re?sultats si frappants, si observateurs et expe?rimentateurs n'avaient travaille?, avant tout, a? l'affranchissement de leur propre pense?e, s'ils avaient rejete? d'avance, avant de les tenter, toute ide?e transmise par les autorite?s, pour s'en tenir aux faits seulement et aux lois qui en de?coulent. 330 0 $aLorsque Lavoisier prit la premie?re fois la balance en main pour constater que le produit de la combustion e?tait plus pesant que la substance bru?le?e, avant cette ope?ration, et que la combustion e?tait, par conse?quent, une combinaison et non une destruction, il partait ne?cessairement du principe de l'indestructibilite? de la matie?re et de?truisait en me?me temps ce phlogiston, cette force occulte et inde?montrable que l'on avait invoque?e pour expliquer une foule de phe?nome?nes du monde inorganique, absolument comme on invoque encore aujourd'hui cette force vitale dont les retraites obscures sont force?es et e?claire?es tour a? tour par le flambeau de l'investigation. Si nous constatons ici, dans le domaine de la physiologie, l'heureux effet de l'affranchissement de la me?thode investigatrice, nous en pouvoir voir encore une manifestation brillante dans le domaine de la zoologie et de la botanique proprement dites. Je veux parler de la direction nouvelle imprime?e a? ces sciences ainsi qu'a? l'anthropologie, par Darwin. Que veut, en effet, cette direction nouvelle qui se base, comme toute innovation, sur des pre?ce?dents, mais, il faut l'avouer aussi, sur des pre?ce?dents en grande partie oublie?s et ne?glige?s ? Avant tout, elle veut combattre des opinions transmises, autoritaires, dicte?es par un tout autre ordre d'ide?es, et accepte?es, jusqu'ici, comme on accepte mille choses, sans en examiner le fond. « Espe?ces sont, avait dit Linne?, les types cre?e?s de?s le commencement », et on avait accepte?, tant bien que mal, cette de?finition qui suppose un cre?ateur, un nombre conside?rable de types inde?pendants les uns des autres, et un renouvellement successif de l'ameublement organique de la terre, si j'ose m'exprimer ainsi, d'apre?s le plan fixe? d'avance dans les diffe?rentes e?poques de son histoire. - Cet axiome admis, il n'y avait plus, en re?alite?, a? examiner les rapports des diffe?rents organismes entre eux, ni avec leurs pre?de?cesseurs ; - chaque espe?ce e?tant une cre?ation inde?pendante en elle-me?me, il e?tait, au fond, bien indiffe?rent si le loup ressemblait au chien ou a? la baleine ! Or, si plusieurs pre?de?cesseurs de Darwin avaient ose? s'insurger partiellement contre tel ou tel point de cet axiome, leurs voix e?taient reste?es sans e?cho ; - ces insurrections avorte?es n'avaient contribue?, comme en politique, qu'a? mieux, asseoir le gouvernement existant et a? faire croire a? son infaillibilite?. Mais aujourd'hui, gra?ce a? Darwin, une re?volution comple?te a e?te? ope?re?e, et les partisans du gouvernement de?chu se trouvent a? peu pre?s dans la me?me situation que les chefs de mainte re?volution ; - ils ne peuvent en aucune fac?on revenir aux anciens errements, mais ils ne savent que mettre a? la place. Personne, en Europe au moins, n'ose plus soutenir la cre?ation inde?pendante, et de toutes pie?ces, des espe?ces ; - mais on he?site, lorsqu'il s'agit de suivre une voie nouvelle dont on ne voit pas encore l'issue. « Il faut accepter cette the?orie, a dit un homme de grand sens, uniquement parce que nous n'avons rien de meilleur. Que pouvez-vous mettre a? sa place ? » Je l'ai dit, - la nouvelle direction imprime?e aux sciences zoologiques par Darwin n'est pas tant remarquable en elle-me?me que comme manifestation de cet esprit libre qui ta?che de s'affranchir de liens impose?s et qui veut voler de son propre essor. Elle veut rattacher les innombrables formes dans lesquelles s'est manifeste?e la vie organique a? cette circulation ge?ne?rale qui anime le monde entier ; - pour traduire sa tendance par un mot emprunte? a? la physique, elle veut conside?rer les organismes comme des manifestations, enchai?ne?es entre elles, d'une seule et me?me force, et non pas comme des forces inde?pendantes, depuis Lavoisier, sur le principe de la matie?re impe?rissable, les e?tonnantes de?couvertes de Mayer et de ses successeurs ont e?te? engendre?es par la conception de la force impe?rissable. Dans toutes les modifications de la forme, la quantite? de force de?pense?e reste toujours la me?me ; la force est mutable en sa qualite?, mais non en sa quantite? ; elle est indestructible comme la matie?re ; - a? chaque mole?cule, a? chaque quantite? appre?ciable de la matie?re est lie?e, d'une manie?re impe?rissable et e?ternelle, une quantite? correspondante de force. Les manifestations exte?rieures de la force peuvent reve?tir autant de formes diffe?rentes que la matie?re, - mais la quantite? de?pense?e dans une ope?ration ou mutation quelconque doit se retrouver dans une autre ope?ration pre?ce?dente ou suivante, et doit rester identiquement la me?me dans toute la se?rie des phe?nome?nes qui se sont passe?s ante?rieurement ou qui doivent suivre dans le cours du temps. N'oublions pas, messieurs, que ce principe, connu par Mayer, il n'y a pas encore trente ans, nous a valu la de?termination de l'e?quivalent en force de la chaleur, l'identification de la chaleur et du mouvement, enfin toutes ces de?couvertes et applications magnifiques qui se succe?dent depuis quelques anne?es avec une rapidite? si e?tonnante. Ne faut-il pas croire que l'application de ce me?me principe aux sciences organiques et descriptives s'y montrera tout aussi fe?conde qu'elle s'est de?ja? montre?e dans les sciences physiques ? Que voulons-nous en effet ? De?montrer que les formes si innombrables de la nature organise?e ne sont que des mutations d'un fond impe?rissable d'une quantite? de?termine?e de matie?re et de force ; - de?montrer que chaque forme organique est le re?sultat ne?cessaire de toutes les manifestations organiques qui l'ont pre?ce?de?e, et la base ne?cessaire de toutes celles qui vont la suivre ; - de?montrer, par conse?quent, que toutes les formes actuelles sont lie?es ensemble par les racines depuis lesquelles elle se sont e?leve?es dans l'histoire de la terre, et dans les diffe?rentes pe?riodes d'e?volution que notre plane?te a parcourues ; de?montrer, enfin, que les forces qui se manifestent dans l'apparition de ces formes sont toujours reste?es les me?mes, et qu'il n'y a pas de place, ni dans le monde inorganique, ni dans le monde organique, pour une force tierce inde?pendante de la matie?re, et pouvant fac?onner celle-ci suivant son gre? ou son caprice. Tel est, ce me semble, le ve?ritable noyau de ce qu'on est convenu d'appeler le Darwinisme ; son essence intime ne peut se de?finir autrement, suivant mon avis. Il n'importe que les uns suivent cette direction, pour ainsi dire instinctivement, sans se rendre compte des derniers re?sultats auxquels elle doit ne?cessairement conduire, tandis que les autres voient clairement le but vers lequel ils tendent ; - l'important est que cette direction se trouve, comme on dit, dans l'air, qu'elle s'imprime par le milieu spirituel dans lequel vit l'homme scientifique a? tous les travaux, et qu'elle s'assoie me?me a? co?te? de l'adversaire pour corriger ses e?preuves avant qu'elles ne passent a? la publicite?. L'he?ritage et la transmission des caracte?res est dans le monde organique, ce qui, dans le monde inorganique, est la continuation de la force. Chaque e?tre est donc le re?sultat ne?cessaire de tous les ance?tres qui l'ont pre?ce?de?, et, pour comprendre son organisation et la combinaison varie?e de ses organes, il faut tenir compte de toutes les modifications, de toutes les formes passe?es qui, par he?ritage, ont apporte? leur contingent dans la nouvelle combinaison existante. Et de me?me que la force primitive se montre dans le monde physique et suivant les conditions exte?rieures, tanto?t comme mouvement, tanto?t comme chaleur, lumie?re, e?lectricite? ou magne?tisme, de me?me ces conditions exte?rieures influent sur le re?sultat de l'he?ritage et ame?nent des variations et des transformations qui se transmettent a? leur tour aux formes conse?cutives. Une ta?che immense incombe donc aujourd'hui aux sciences naturelles. 330 $aDans les temps passe?s, l'e?tude des formes exte?rieures suffisait aux buts restreints de la science ; plus tard il fallut ajouter l'e?tude de l'organisation inte?rieure autant dans les de?tails microscopiques que dans les arrangements saisissables a? l'?il nu ; un pas de plus conduisait ne?cessairement, pour comprendre les analogies, les rapports et les diffe?rences dans la cre?ation actuelle (qu'on me passe le mot) vers l'embryoge?nie compare?e, savoir la comparaison des diffe?rentes manie?res dont se construit et s'accomplit l'organisme depuis son germe jusqu'a? sa fin ; il fallut avoir recours a? la pale?ontologie, a? l'e?tude des e?tres fossiles qui ont pre?ce?de? les formes actuelles, et cela dans le but de comprendre la parente? plus ou moins e?loigne?e qui relie ces e?tres entre eux. Aujourd'hui, il faut ajouter a? tous ces e?le?ments, e?claire?s d'un nouveau jour, l'e?tude des limites possibles des variations que peut pre?senter un type ; l'influence, e?minemment variable des milieux ambiants sur les diffe?rents types, et construire ainsi pie?ce par pie?ce les organismes de?finitifs, mais variables, que nous avons devant les yeux. Eh bien, messieurs, peut-on raisonnablement croire que l'homme seul ne soit pas soumis a? ces grandes lois de la nature, - que lui seul parmi les e?tres organise?s, ait une origine fondamentalement diffe?rente de la leur, - que seul il n'ait ni formes parentes, ni pre?de?cesseurs dans l'histoire de la terre, et que son existence ne se rattache a? aucune autre ? Vraiment, pose?e en ces termes, la question me parai?t re?solue d'avance ! Mais la conse?quence qui de?coule ne?cessairement de ces pre?misses, c'est qu'a? l'anthropologie est de?volue la me?me ta?che qu'a? toutes les autres branches de l'histoire naturelle, qu'elle ne doit pas se contenter d'e?tudier l'homme en lui-me?me, et sous les diffe?rentes formes qu'il pre?sente a? la surface de la terre, mais qu'elle doit sonder ses origines, scruter son passe? lointain, recueillir avec soin toutes les donne?es que peuvent fournir ses fonctions, son organisation, son de?veloppement individuel, son histoire, dans le sens habituel du mot, mais en se rapportant a? un passe? bien ante?rieur, et qu'elle doit remonter ainsi, Comme la science le fait pour toutes les autres formes organiques, l'arbre ge?ne?alogique jusque vers les branches conge?ne?res, porte?es par les me?mes racines, mais de?veloppe?es d'une manie?re diffe?rente. Les de?couvertes re?centes ont ouvert un horizon immense aux e?tudes relatives a? l'homme. Dans tous les pays nous remarquons une ardeur presque fie?vreuse pour remonter aux origines de l'homme cache?es dans les couches de la terre ; de tous les co?te?s, on apporte les preuves d'une antiquite? bien recule?e du type homme, que les imaginations les plus exalte?es n'auraient jamais pu supposer jadis. Chaque jour cette Europe tant fouille par les ge?ne?rations passe?es ouvre son sein pour nous montrer des tre?sors nouveaux, ou pour nous donner, par des faits inaperc?us jusqu'a? pre?sent, la clef d'une foule d'e?nigmes que nous ne savions re?soudre. Nous assistons a? cette e?poque ou? l'homme sauvage, montrant des infe?riorite?s tre?s marque?es dans son organisation corporelle, chassait dans les plaines du continent europe?en et de l'Angleterre le mammouth et le rhinoce?ros, le renne et le cheval sauvage ; nous suivons cet homme dans sa civilisation ascendante ou? il devient nomade, pa?tre, agriculteur, industriel, commerc?ant, trafiqueur et fondeur de me?taux ; la? ou? l'histoire et la tradition nous font de?faut, nous lisons les faits et gestes de cette antiquite? pre?historique dans les pierres et les bois ! Et, tandis que les « curieux de la nature », comme s'appelaient, dans une acade?mie ce?le?bre les savants scrutateurs, poursuivent ainsi, de couche en couche, les gestes de l'activite? humaine ; d'autres, non moins curieux, s'attachent a? son organisation en reprenant un a? un tous les caracte?res jusque dans leurs petits de?tails, en e?tudiant leur de?veloppement dans le cours de la vie depuis le premier germe jusqu'a? la fin, ou bien s'adressant aux races, a? leurs particularite?s, pour y trouver les preuves d'une infe?riorite? ou supe?riorite? relatives, dont les premie?res marquent les jalons de la route parcourue par le type homme lui-me?me, tandis que les autres indiquent la voie que ce type va suivre en s'e?levant et en se modifiant. Les fonctions de l'organe de la pense?e e?tant intimement lie?es a? son organisation et de?pendant de celle-ci, l'e?tude des manifestations de l'esprit et de la plus importante de ces manifestations, de la langue articule?e, n'occupe pas une petite place dans les objets que l'anthropologie doit embrasser. Il faut avouer franchement, messieurs, que cette e?tude historique, comparative et ge?ne?sique du type homme est encore dans l'enfance, et que tout ce qui a e?te? fait jusqu'a? pre?sent n'est rien en comparaison de ce qui reste a? faire. Est-il e?tonnant qu'il en soit ainsi, le principe dont de?coulent ces travaux n'ayant e?te? introduit dans la science que depuis quelques anne?es a? peine ? Je n'ai rien a? ajouter. M. Darwin prend l'homme tel qu'il se pre?sente aujourd'hui, il examine ses qualite?s corporelles, morales et intellectuelles, et recherche les causes qui doivent avoir concouru a? la formation de ses qualite?s si diverses et si com-plique?es. Il e?tudie les effets qu'ont produits ces me?mes causes en agissant sur d'autres organismes et, trouvant des effets analogues ont e?te? en jeu. La conclusion finale de ces recherches, conduites avec une sagacite? rare et e?gale?e seulement par une e?rudition hors ligne, est que l'homme, tel que nous le voyons aujourd'hui, est le re?sultat d'une se?rie de transformations accomplies pendant les dernie?res e?poques ge?ologiques. Nul doute que ces conclusions trouveront beaucoup de contradicteurs. Ce n'est pas un mal, la ve?rite? nai?t du choc des esprits.Carl Vogt. 330 $aDepuis la publication de la premie?re e?dition de cet ouvrage en 1871, j'ai pu y faire des corrections importantes. Apre?s l'e?preuve du feu, par laquelle ce livre a passe?, je me suis applique? a? profiter des critiques qui me semblaient avoir quelque fondement. Un grand nombre de correspondants m'ont e?galement communique? une foule si e?tonnante d'observations et de faits nouveaux, que je ne pouvais en signaler que les plus importants. La liste de ces nouvelles observations et des corrections les plus importantes qui sont entre?es dans la pre?sente e?dition se trouve ci-apre?s. De nouveaux dessins faits d'apre?s nature par M. T. W. Wood ont e?galement remplace? quatre figures de la premie?re e?dition et quelques nouvelles gravures y ont e?te? ajoute?es. J'appelle l'attention du lecteur sur les observations qui m'ont e?te? communique?es par M. le professeur Huxley. Ces observations se trouvent en Supple?ment a? la fin de la premie?re partie (page 274), et traitent des diffe?rences du cerveau humain, compare? aux cerveaux des singes supe?rieurs. Ces observations ont d'autant plus d'a?-propos que depuis quelques anne?es diverses publications populaires ont grandement exage?re? l'importance de cette question. A cette occasion, je dois faire observer que mes critiques pre?tendent assez souvent que j'attribuais exclusivement a? la se?lection naturelle tous les changements de structure corporelle et de puissance mentale, qu'on appelle commune?ment changements spontane?s ; j'ai cependant de?ja? constate?, de?s la premie?re e?dition de l'Origine des Espe?ces, qu'on doit tenir grand compte de l'usage ou du non-usage he?re?ditaires, aussi bien des parties du corps que des faculte?s mentales. Une autre part dans ces changements a e?te? attribue?e par moi aux modifications dans la manie?re de vivre. Encore faut-il admettre quelques cas de re?version occasionnelle de structure, et tenir compte de ce que j'ai appele? « Croissance corre?lative » voulant indiquer par la? que diffe?rentes parties de l'organisation sont, d'une manie?re encore inexplique?e, dans une telle connexion, que si l'une de ces parties varie, l'autre varie encore davantage, et si ces changements ont e?te? accumule?s par l'he?re?dite?, d'autres parties peuvent e?tre modifie?es e?galement. D'autres de mes critiques insinuent que, ne pouvant expliquer certains changements dans l'homme par la se?lection naturelle, j'inventai la se?lection sexuelle. Pourtant, dans la premie?re e?dition de l'Origine des Espe?ces, j'avais de?ja? donne? une esquisse claire de ce principe, en remarquant qu'il s'appliquait e?galement a? l'homme. La se?lection sexuelle a e?te? traite?e avec plus d'e?tendue dans le pre?sent ouvrage, par la raison que l'occasion s'en pre?sentait pour la premie?re fois. J'ai e?te? frappe? de la ressemblance de la plupart des critiques a? moitie? favorables, de la se?lection sexuelle, avec celles qu'avait rencontre?es la se?lection naturelle, pre?tendant, par exemple, que ces principes pouvaient bien expliquer quelques faits isole?s, mais ne pouvaient certainement pas e?tre employe?s avec l'extension que je leur ai donne?e. Ma conviction sur le pouvoir de la se?lection sexuelle n'a cependant pas e?te? e?branle?e, quoiqu'il soit probable, et me?me certain qu'avec le temps un certain nombre de mes conclusions pourront e?tre trouve?es errone?es, chose tout a? fait explicable, puisqu'il s'agit d'un sujet traite? pour la premie?re fois. Lorsque les naturalistes se seront familiarise?s avec l'ide?e de la se?lection sexuelle, je crois qu'elle sera accepte?e plus largement, comme elle a d'ailleurs e?te? admise de?ja? par plusieurs des juges les plus autorise?s.Ch. DarwinSeptembre 1874. 606 $aEvolution (Biology) 606 $aEvolution (Biology)$xSocial aspects 615 0$aEvolution (Biology) 615 0$aEvolution (Biology)$xSocial aspects. 676 $a576.8 700 $aDarwin$b Charles$046083 801 0$bNjHacI 801 1$bNjHacl 906 $aBOOK 912 $a9910132582803321 996 $aDescendance de l'homme et la selection sexuelle$9367147 997 $aUNINA