LEADER 11569nam 2200397 450 001 9910132575703321 005 20240206184542.0 010 $a1-4123-6715-8 024 7 $a10.1522/030141818 035 $a(CKB)3680000000165878 035 $a(NjHacI)993680000000165878 035 $a(EXLCZ)993680000000165878 100 $a20240206d2008 uy 0 101 0 $aeng 135 $aur||||||||||| 181 $ctxt$2rdacontent 182 $cc$2rdamedia 183 $acr$2rdacarrier 200 10$aTrois fois bel conte /$fLafcadio Hearn 210 1$aChicoutimi :$cJ.-M. Tremblay,$d2008. 215 $a1 online resource (118 pages) 225 1 $aClassiques des sciences sociales ;$v3639 327 $aPre?face par Charles-Marie Garnier--Introduction par Serge Denis--CONTE COLIBRI--YE?--SOUCOUYAN--« PE?-LA-MAN-LOU »--LA BLEU--NANIE ROZETTE--Variantes de Nanie Rozette--Notes et commentaires extraits de l'?uvre de Lafcadio Hearn--Texte original (en cre?ole antillais)--CONTE COLIBRI--YE?--SOUCOUYAN--« PE?-LA-MAN-LOU »--LA BLEU--NANIE ROZETTE. 330 $aLe lecteur appre?ciera comme je l'ai fait l'introduction de M. Serge Denis : il estimera a? sa juste valeur, qui est grande, le me?lange bien dose? de souplesse artistique et de rigueur philologique avec lesquelles il a e?tabli ces textes cre?oles, reconnu en chacun d'eux la part du conteur populaire et celle de l'artiste qui, tout en prenant ses notes, modifiait suivant la loi de son art. On admirera le parti qu'il a tire? des erreurs qu'un spe?cialiste comme lui pouvait seul de?pister el interpre?ter. La science du linguiste et la finesse du critique nous sont de su?rs garants de l'inte?grite? de tout le travail, dont nous recueillons ici les fruits.Avec une discre?tion pleine de charme, Serge Denis s'est garde? de dire comment le petit carnet manuscrit de Lafcadio Hearn a fini, apre?s un tour du monde complet et l'espace d'une ge?ne?ration, par tomber entre ses mains. Il m'a laisse? le soin de le conter, car celle histoire vraie est aussi un « bel conte ».Lors de mon passage au Japon, en 1900, je n'avais pu, malgre? mon vif de?sir, voir Lafcadio Hearn, me?me discre?tement, a? l'Universite?. Il e?tait souffrant et n'avait pu reprendre son cours. Et puis Hearn, sensitif au dernier degre?, ne consentait a? une entrevue que pour des raisons personnelles majeures. Aussi avais-je du? me borner a? lui e?crire, et nous avions e?change? quelques lettres.Dans la seconde que j'ai rec?ue de lui date?e de Tokyo, le 26 octobre 1903, la seule qu'il m'ait e?crite en franc?ais, il disait :« Quant au conte que vous me demandez pour « Jean-Pierre », je doute beaucoup si un conte japonais sera du gou?t de vos jeunes lecteurs. Sans connai?tre a? fond la vie japonaise, un otogi-banashi restera incompre?hensible. Je vous conseille de vous contenter de quelque autre chose. Permettez-moi de vous faire une proposition. Pendant mon se?jour a? la Martinique, j'ai recueilli un nombre de contes cre?oles, tre?s baroques, qui sont a? la fois amusants et dignes de l'attention de quelques folkloristes. Si vous voulez bien imprimer le texte cre?ole, avec une traduction franc?aise en face - sur le (sic) me?me page [1] - ces histoires auront, je crois, quelque succe?s. Je puis vous envoyer le texte ; mais je n'ose point entreprendre la traduction. A? Paris, sans doute, vous trouverez quelque Martiniquais pour vous aider avec le texte ; et la traduction sera facile. S'il ne se trouve pas des (sic) Martiniquais parmi vos connaissances, vous trouverez un monsieur quelconque de la Guadeloupe ou de Marie-Galante, ou? le cre?ole est a? peu pre?s la me?me langue qu'a? la Martinique. Ce que je vous offre ne se trouve pas facilement ailleurs, car la Martinique est finie pour jamais. C'est comme un manuscrit de Pompe?i - maintenant - ce petit recueil de contes : un tout petit cahier. »Apre?s trente-six ans, tous ceux qui aiment Lafcadio Hearn trouveront a? ces lignes une re?sonance pathe?tique. Elles sont re?ve?latrices a? plusieurs e?gards. L'e?crivain n'y fait aucun retour sur lui-me?me, ni sur son art. Peut-e?tre y serait-il venu, si la correspondance avait pu se poursuivre. Mais ce ne fut point le cas. De?ja? la mort e?tait suspendue sur lui : moins d'un an plus tard, le 23 septembre 1904, elle devait brusquement l'abattre.Si incomple?tes soient-elles, ces lignes sont pre?cieuses. Elles pre?cisent que ces contes l'ont inte?resse? a? deux titres : par les e?le?ments neufs qu'ils apportent au folklore, ou? il devait par la suite trouver de plus en plus source de poe?sie et matie?re a? philosopher ; et puis aussi par leur caracte?re qu'il appelle baroque. Celle expression me semble a? rapprocher de la « grotesqueness » qu'il distingue en certaines superstitions japonaises (Preface to Glimpses of Unfamiliar Japan, p. IX.) N'oublions pas que ces deux mots, baroque, grotesque, incomple?tement naturalise?s anglais, - et dans celle lettre en franc?ais il est percevable que Hearn continue souvent de penser en anglais, - sont de?pouille?s sous sa plume de celle vibration un brin ridicule, qui, en dehors du langage technique de l'art, chatouille toujours un peu l'oreille franc?aise du grand public [2]. Elle s'attache peut-e?tre encore plus au mot « baroque », qui rece?le toute cette e?trangete? fondamentale, cet illogisme de?routant, ce jeu pue?ril du disproportionne?, ce jaillissement capricieux, capiteux aussi pour l'esprit qu'il excite, enchante et de?c?oit tout ensemble, ou? le the?oricien du baroque, Eugenio d'Ors, se plai?t a? voir la re?volte anticarte?sienne qui caracte?risa dans tous les domaines la contre-re?forme et le je?suitisme.Lafcadio Hearn n'avait pas besoin de pousser si loin l'analyse. Mais au sortir de sa jeunesse opprime?e par les contraintes d'une famille divise?e, d'une instruction confessionnelle irrespirable pour lui, enfin d'un apprentissage de journaliste ame?ricain, he?risse? de privations, de heurts et de durete?s, il est clair qu'il eut aux Antilles la re?ve?lation de la nature, de la vie humble et primitive des peuples enfants encore tout pre?s de la terre. Dans leurs contes, il lut attire? par tout ce qui s'opposait a? la logique scolastique, aux secs raisonnements de la demi-culture des litte?rateurs d'affaires et a? l'a?pre lutte pour la vie des grands centres du Middle West. Aussi, soyons-en su?rs, est-ce sans la moindre nuance de bla?me ou de de?rision qu'a? propos de ces contes il parle de baroque. Baroques, ils le sont au vrai, par leur nai?ve expansion, leur manque total du sens des proportions, le me?li-me?lo de cre?atures disparates mais toutes filles de la me?me me?re, enfin par le protocole inattendu qui re?gle les rapports avec le Cre?ateur, vraiment ici « le Paternel ». Baroques, e?crit Hearn ; mais soyons convaincus qu'il a trace? le mot avec une divination pe?ne?trante de son contenu et avec un accent de souriante tendresse.L'autre titre qu'il reconnai?t a? ces contes, c'est d'e?tre dignes de l'attention des folkloristes. La? aussi, on aurait souhaite? qu'il fu?t moins re?serve?. La poste?rite? d'un grand e?crivain est tre?s exigeante : elle voudrait dans chacune de ses lignes trouver en une formule tout ce qu'elle a mis une ge?ne?ration a? de?couvrir dans l'ensemble de l'?uvre.Si discret qu'il ait e?te?, on devine a? quel point le folklore lui tenait a? c?ur. A? cette occasion, il ne pouvait l'oublier. Au soir de sa vie, on le sent obscure?ment heureux de cette occasion que lui offrira Paris de montrer ce qu'il doit au folklore et aux Antilles.M. Serge Denis, dans les lignes qui suivent, a tente? de le pre?ciser. Avec raison il met l'accent sur le fantastique et l'horreur vague qui s'attache aux visions de nuit, aux heures troubles du demi-re?veil ou de l'e?vanouissement qui glisse au sommeil. Certains critiques d'information un peu courte n'ont voulu voir :dans cette disposition de Lafcadio Hearn qu'une attitude litte?raire. Ils arguent de ses lectures favorites de Barbey d'Aurevilly, Villiers de l'Isle-Adam, Edgard Poe. Tout jeune il s'est jete? sur eux avec avidite?. Mais ce ne fut point avec lui, comme avec tant d'autres, une coqueluche d'un jour. Il avait trouve? chez eux l'expression litte?raire d'un fantastique que sa nature intime appelait et redoutait de toutes ses forces, comme une horrible volupte?. De?s son premier contact avec les tropiques, il fut ravi et accable?. Il sentit dans sa chair que les forces naturelles, exaspe?re?es par les jeux volcaniques et par l'incandescence solaire, e?crasaient l'homme et le maintenaient dans un e?tat de cre?puscule mental et sensitif. Dans ces enfants des i?les, effare?s autant qu'e?merveille?s, il reconnut sa propre enfance, ses e?pouvantes et ses ravissements. Il les aima soudain comme les petits fre?res de son a?me vaincue :The world is too much with us ... Est-ce a? dire que tous les proble?mes souleve?s par le passage de Hearn aux Antilles soient e?lucide?s ? Pas encore. Il est frappant que son deuxie?me livre qui date de 1885, deux ans avant son voyage aux i?les, ait e?te? Gombo Zhe?bes : petit dictionnaire de proverbes cre?oles. 330 $aFut-ce une simple besogne de librairie ? Peut-e?tre, tout d'abord ; mais elle re?pondait a? son penchant intime au point qu'il la fit avec amour et que, le jour ou? il trouva le moyen d'e?chapper quelques mois a? la geo?le journalistique, il se tourna tout naturellement vers les cre?oles, dont il venait de re?sumer, avec les dictons, les fantastiques appre?hensions et la nai?ve sagesse.Il ne reste plus qu'a? finir l'histoire du petit cahier de toile cire?e. Dans toutes les traverses de la vie, tout au long de la sinistre guerre, je ne l'oubliais pas. La bonne gra?ce de Mme Gissing-Fleury avait su y inte?resser le grand chirurgien Walter, e?leve? a? la Martinique ; mais, e?minent dans son art, le docteur Walter n'avait en matie?re de langage rien d'un spe?cialiste.Aussi restais-je insatisfait jusqu'au jour ou? je croisai le chemin de M. Serge Denis. Il re?unissait toutes les qualite?s demande?es par Hearn : Antillais, il avait, outre l'instinct de la langue cre?ole, les connaissances philologiques indispensables pour venir en aide au sens critique. Il voulut bien entreprendre la ta?che de?licate que voici. Comme l'avait pre?vu Hearn, elle inte?ressera les folkloristes, non seulement les e?rudits, mais tous les amis de ces peuples jeunes, dont la mentalite?, explore?e par M. Le?vy-Bruhl et par sir James Frazer, jette de telles lueurs sur les confins estompe?s de la no?tre. Elle constitue, en outre, un apport de prix a? la compre?hension sympathique d'un des plus fins artistes de prose anglaise ; car Lafcadio Hearn sut pe?ne?trer la sienne de la divine lumie?re de son archipel natal, l'assouplir aux plus souples rythmes de la musique inte?rieure, et l'enrichir enfin de toute la poe?sie de l'e?merveillement et du fantastique, qui continue de sourdre et de bruire intarissablement dans notre inconcevable univers. 410 0$aClassiques des sciences sociales ;$v3639. 606 $aCreoles 615 0$aCreoles. 676 $a301.45196073075 700 $aHearn$b Lafcadio$f1850-1904,$0184617 801 0$bNjHacI 801 1$bNjHacl 906 $aBOOK 912 $a9910132575703321 996 $aTrois fois bel conte$91966816 997 $aUNINA