Lors de sa derniere creation, Shakespeare invente un personnage non-humain pour incarner la tempete qui s'abat sur une ile inconnue. Mais Ariel, l'esprit de l'air, en vient a representer bien plus qu'une catastrophe maritime. Les penseurs de la Renaissance decelent du spirituel dans les petites images voltigeantes par l'air, nommees des especes intentionnelles Ariel appartient a ce milieu sensoriel situe entre les objets du monde et les sujets qui les percoivent, milieu sur lequel opere l'enchanteur Prospero. Par un autre biais, Ariel represente l'habitant du Nouveau Monde. En comparant le texte de Shakespeare avec ses sources, Jonathan Pollock degage une vision du cannibale amerindien qui ne vaut pas seulement pour le personnage de Caliban. Etant au-dela de l'humain, Ariel incarne l'esprit maitre d'autres tribus, dont celles des oiseaux. Ainsi, entre averroisme et animisme, especes intentionnelles et tribus-especes, cet essai milite en faveur d'une ecologie de l'imagination qui se veut aussi une imagination renouvelee de l'ecologie. |