Dès janvier 1957, après la crise de Suez, Macmillan donne toute priorité à la refondation de la « relation spéciale » anglo-américaine. À l’inverse, en juin 1958, de Gaulle revient au pouvoir avec l’ambition de pratiquer une politique étrangère fondée sur l’indépendance vis-à-vis des États-Unis. La volonté gaullienne de faire émerger une autonomie européenne entre ainsi en opposition avec la politique britannique, visant à maximiser son influence au sein de l’Alliance atlantique. Le heurt entre ces deux orientations, d’abord latent, débouche sur un schisme politico-stratégique entre Paris et Londres que de Gaulle choisit de proclamer publiquement le 14 janvier 1963 : il exprime alors son refus de l’entrée de la Grande-Bretagne dans la Communauté européenne et de l’offre anglo-américaine de partenariat nucléaire. Quel rôle la relation franco-britannique a-t-elle joué à une époque cruciale pour la constitution de l’architecture de sécurité euro-atlantique, dans un monde dominé par la guerre froide ? En croisant les perspectives européenne, transatlantique et Est-Ouest, cette étude permet de mieux comprendre certaines tendances, inscrites dans la longue durée, de la politique étrangère de la France et de la Grande-Bretagne, ces deux pays représentant depuis lors des positions |