Comment le socialisme doit-il articuler les deux exigences qui l'ont toujours défini : « à chacun selon ses besoins » et « à chacun selon ses mérites » ? Ce court essai propose un retour aux origines. Dans l'une de ses belles formulations, Pierre Leroux écrivait, « le socialisme paraît, et l'aube du jour c'est 1830 ». Procédant ici de quelques portraits, ceux notamment de Louis Blanc et Constantin Pecqueur, de François-Vincent Raspail et de George Sand, cet essai signale comment en cette période de genèse, qui inventa même le terme de « socialisme », l'exigence du besoin fut considérée comme rectrice. Loin d'être nié, le mérite restait néanmoins associé à cette exigence. En ces temps déjà de premières déferlantes libérales, cette articulation originelle permit alors au socialisme de s'identifier d'abord, de résister ensuite et de créer enfin, tant dans le domaine des idées que dans celui des expérimentations, des voies nouvelles à l'émancipation et au progrès social, économique et politique. Cette option consistant à résolument situer le pari du socialisme au-delà de la seule égalité des chances, aussi rigoureusement définie soit-elle, méritera dès lors d'être rappelée et reconsidérée aujourd'hui. How should socialism articulate the two exigencies which have always defined it: "to each according to his needs" and "to each according to his merits"? This short essay proposes to look back at its origins. In one of his beautiful turns of phrase, Pierre Leroux wrote, "Socialism appears, and the dawn of day is 1830". Proceeding here from a few portraits, notably those of Louis Blanc and |