Petit, disgracieux, et avec, surtout, cet œil (un œil en plus, un œil en moins... un œil en trop), - Sartre, on le sait, ne se trouvait pas beau. Disons-le, il s’estimait franchement laid. Observation triviale, si elle ne prêtait aussitôt à conséquence. Sartre est philosophe, mais la laideur d’un philosophe devient-elle par cela même un objet philosophique ? Sartre est écrivain, mais la laideur d’un écrivain, la laideur qu’à tort ou à raison il se suppose, la laideur faitelle écrire ? Sartre est critique d’art, mais la laideur, laideur encore, laideur toujours (alors d’autant plus laide), la laideur peut-elle être un point de vue sur le beau ?… Ce sont là seulement quelques-unes des questions que pose ce livre scandaleux. Le plus scandaleux, sans doute, qui ait été écrit sur Sartre. Mais, par cette raison (faut-il vraiment qu’on s’en étonne ?), celui qui entre le plus immédiatement en sympathie avec l’homme, avec l’œuvre. Philippe BONNEFIS |