La Restauration marque la paradoxale résurrection du rituel de l’entrée royale cérémonie spectaculaire qui met en scène le pouvoir représenté par le souverain, et témoigne de sa mainmise symbolique sur le territoire dont sa propre personne incarne l’unité politique. Jusqu’aux débuts de la Troisième République, cette traditionnelle cérémonie du pouvoir connaît maints réinvestissements symptomatiques. Parallèlement, en ce siècle des révolutions, l’historiographie, la littérature, l’iconographie manifestent un intérêt tout particulier pour l’entrée royale ; en effet, ce dispositif complexe offre un modèle particulièrement efficace lorsqu’on s’interroge sur les modes de production de la légitimité politique. L’entrée royale, à la fois événement et récit, acte et paroles, construit une fiction du pouvoir : elle constitue un excellent point d’optique pour analyser le fonctionnement symbolique des fêtes de souveraineté, les logiques rhétoriques et stratégiques qui la fondent, enfin ses conditions d’efficacité et ses possibilités d’adaptation - toutes questions essentielles en un siècle qui travaille à une refondation symbolique prenant acte des effets de la Révolution. |