La question de l’intime et de ses variations au cours du temps fait l’objet depuis peu d’un fort intérêt parmi les chercheurs. Mais la recherche en la matière reste inépuisable, tant la notion est difficile à cerner selon les époques. L’ouvrage propose une approche interdisciplinaire de l’étude de l’intime et de ses espaces, de l’Antiquité (souvent négligée par les travaux consacrés à la littérature française) à nos jours, qui croise les regards d’archéologues, d’historiens, d’historiens de l’art, de littéraires, de philosophes et d’anthropologues, afin de délimiter les contours de cette notion floue et d’analyser son évolution dans la diachronie. Le mot intime provient du superlatif latin intimus (comparatif interior), « ce qui est le plus intérieur » et s’inscrit dans la dialectique du dedans et du dehors. C’est la prise de conscience de l’existence d’un « dehors » et d’un « dedans » qui entraîne l’idée de soi. L’intime est d’abord une question de lieu. Deux voies parallèles se développent à partir du mot latin : d’une part l’intime comme étant le plus profond et le plus secret, caché à autrui, d’autre part l’intime comme étant ce qui nous associe étroitement à autrui. L’intime porte en lui une contradiction entre la radicalisation d’un intérieur, dérobé à autrui, et l’« union intime », l’« ami intime », qui suscitent une ouverture à l’Autre. L’intime dit à la fois le retrait et le partage. Ce sont les rapports du dedans et du dehors qui sont fondamentalement mis en jeu. L’intime est une catégorie qui ne va pas de soi. Dans une première partie, des articles d’archéologues et d’historiens montrent que l’espace réservé à l’intime dans les demeures est une lente conquête. Dans une seconde partie, c’est la naissance de l’espace intérieur de l’intime qui est interrogée par des chercheurs spécialistes de philosophie et de littérature latines. La troisième partie envisage l’intime comme construction de l’individu « moderne » à travers l’étude des pratiques du soin de… |