Les lois Ferry de 1882 qui substituent, dans les programmes de l’école primaire, l’instruction morale et civique à l’instruction morale et religieuse, témoignent d’une volonté de façonner en profondeur le citoyen républicain. Le problème du fondement de la morale laïque demeure en cela indissociable de la question de son enseignement : parce que le sujet éthique formé à l’école de la Républiqe se doit d’être un esprit libre, la morale qui lui est appropriée ne saurait demeurer soumise à aucune tutelle extérieure, et en premier lieu à la tutelle religieuse. Cet affranchissement a cependant pour contrepartie d’ouvrir une béance dans l’édifice de la morale, en posant avec acuité la question de ses fondations : coupée de la justification théologique et du support de la religion, la morale laïque peut-elle encore se soutenir ? Cette morale a-religieuse, ou seulement a-confessionnelle, destinée à être enseignée dans les écoles, ne surgit cependant pas ex-nihilo |