Du témoignage à la poésie, en passant par le roman, le théâtre et la grammaire de l’abjection, cet ouvrage tente de penser le corps parlé et le corps écrit en Syrie. Par écriture du corps, nous entendons les textes littéraires qui portent une attention particulière à la corporalité. Nous désignons également les mots que le corps articule sur une scène plus large, les gestes et les actes dans lesquels il s’engage, l’ensemble se dressant comme un texte à interpréter et réinterpréter sans cesse. Mais écrire le corps dans le contexte sanglant de la guerre en Syrie, c’est aussi se heurter à l’indicible de la catastrophe qui blesse le langage. C’est se mettre alors en quête d’un reste, d’un échappé, d’un presque rien qui, tout en relevant du corps meurtri, se refuse à la nihilisation de l’expérience du monde : des hommes et des femmes sont encore là pour lui opposer leurs mots qui œuvrent, inventant ainsi de nouvelles manières d’exprimer l’ineffable. |