Nietzsche a pu écrire que la philosophie était affaire de santé plutôt que de vérité, désignant à la pensée la tâche de saisir ce qu’il en est de la vie. Toute perspective sur la vie ne peut elle-même être qu’une perspective vitale. « Le normal et le pathologique » de Canguilhem parvient à une conclusion voisine. La vérité des énoncés biologiques et médicaux ne prend sens que rapportée aux expériences vécues de l’homme sain et de l’homme malade. De fait, le livre de Canguilhem propose, à partir de modélisations épistémologiques toujours précisées, une philosophie de la vie. Après Nietzsche et Bergson, tout autant avec eux que contre eux, Canguilhem cherche à ressaisir la vie non seulement par le maintien des normes mais plus encore par leur renouvellement. Tandis que la santé correspond à une tolérance |