La Réforme n’a pas accouché comme par magie d’un homme nouveau, plus croyant et plus rationnel, plus moderne surtout, laissant ces projets et ces illusions à d’autres révolutions. Elle a cependant bouleversé pour les hommes et les femmes du xvie siècle les manières de croire et de prier, de lire la Bible et d’entendre la Parole de Dieu, mais aussi de manger, de dormir, de se vêtir, d’aimer, de parler, de se repérer dans le temps ou de préparer sa mort, imprimant une transformation profonde aux sociétés européennes et aux identités individuelles et collectives dont nous sommes encore les héritiers. Née d’une aspiration à la rénovation de l’Église dans sa tête et dans ses membres, la Réforme a bien été en cela une révolution. C’est à prendre la mesure de ce changement à la fois anthropologique, politique et social que s’attache ce livre, qui pour la première fois réunit historiens, théologiens, linguistes, philosophes, historiens de l’art ou encore spécialistes de l’histoire des femmes pour porter au jour l’héritage de cette naissance de la modernité. |