Cet ouvrage s’inscrit dans le renouveau historiographique consacré aux milieux curiaux, qui met en évidence le rôle des cours dans la transmission des modèles politique et culturel, à travers la circulation des élites. Parce qu’elle appartient à un État frontalier situé entre France et Empire, la cour de Lunéville offre un observatoire privilégié pour étudier les phénomènes migratoires ainsi que les échanges entre les différents espaces auliques. Le règne de Léopold (1697-1729) fait figure d’exception dans l’histoire politique de la Lorraine car il est synonyme d’une renaissance des duchés après les ondes de choc qu’a subi ce territoire des confins au xviie siècle. Après la vacance du trône durant près d’un demi-siècle, tout est à reconstruire et à réinventer. Par sa position limitrophe, la Lorraine ducale est depuis toujours prédisposée à accueillir les étrangers, mais la cour atteint encore un autre degré d’ouverture avec le nouveau souverain, élevé dans le pluralisme culturel et désireux de rendre sa cour attractive, dès son arrivée à Nancy en 1698. Elle devient alors un espace de circulations intenses, un lieu de dialogue entre différentes nationalités et un laboratoire du cosmopolitisme. Cet ouvrage étudie ainsi le retentissement des pratiques culturelles et curiales des grands États dans une principauté ouverte sur l’Europe, montrant le rôle précurseur de la cour de Léopold, bien moins connue que celle de Stanislas (1737-1766), dans la diffusion des premières Lumières à l’Est du royaume de France. |