Le Zibaldone est le grand journal de pensées de Giacomo Leopardi. Le jeune philosophe y consigne, sur près de quinze ans et plus de 4500 pages, des réflexions qu’il nomme « de philosophie variée et de belle littérature ». Et en effet, c’est bien la variété, et même la plus étonnante bigarrure qui caractérisent ce monumental magasin d’écriture : bigarrure des matières brassées (métaphysique, théologie, politique, morale, esthétique) et bigarrure des formes (aphorisme, anecdote, note érudite, essai). Le Zibaldone apparaît donc tout d’abord comme un flux discontinu et disparate de pensée. Cependant, Leopardi n’entend pas y exposer une rhapsodie de vérités isolées et fragmentaires mais un authentique système philosophique. « Il mio sistema » : tels sont les premiers mots du cri léopardien, de son exigence méthodologique et ontologique. Manquer d’esprit de système c’est manquer d’ordre, et c’ |