En quel sens peut-on parler de « modernités des troubadours », ces poètes lyriques du premier Moyen Âge compositeurs de pièces écrites dans une langue superbe mais désormais difficile à comprendre ? Ils ne cessent pourtant de hanter la mémoire des poètes, des musiciens, des romanciers, par l’attrait de leur chant amoureux né en langue d’oc et qui marquera l’art d’aimer de l’Europe pour des siècles. Modernes donc ils le sont, par leur présence entêtée autant que par la perfection de leur art : fin’amor – amour parfaite, amour de la langue et de la musique. Cet ouvrage étudie ce que les troubadours occitans ont inspiré à des œuvres de différentes expressions artistiques, modernes et contemporaines. Elles trouvent parfois dans le plus ancien de quoi nourrir leur renouvellement. Le volume interroge aussi la correspondance entre le dire et le dit lorsque la forme canso est confrontée à l’épreuve de la transposition, de la réécriture, de la traduction dans une culture autre. Comment défaire le lien qui tient enveloppés les figures et les thèmes de la lyrique amoureuse avec leurs « mesures » en langue occitane ? Sans doute au prix d’une transcréation, gage de la fécondité de ce qui n’est qu’improprement tenu pour passé. |