Christiane Klapisch-Zuber n’a sans doute pas réalisé tous ses rêves d’adolescente - peindre comme Gauguin ou étudier l’art italien du Quattrocento - mais en s’orientant vers une carrière d’historienne, elle est devenue une spécialiste mondialement reconnue de la société florentine des xive-xvie siècles. Depuis une quarantaine d’années, en mettant à profit les ressources documentaires exceptionnelles de la Toscane et en intégrant des approches et des méthodes complémentaires comme l’enquête collective et l’histoire sérielle, la démographie et l’anthropologie historiques, l’histoire de la famille et du genre, elle s’est intéressée à des objets aussi variés que les masses, les structures familiales et le cycle de développement domestique, les différentes dimensions de la parenté, les normes, les rituels et les pratiques au quotidien, les signes et les enjeux de la mémoire familiale ou la place des femmes dans l’espace public et privé. Son œuvre importante a en particulier mis en évidence un paradoxe florentin : pôle urbain spécialement développé du point de vue de la culture matérielle, figurative, politique et intellectuelle, Florence a simultanément relégué ses femmes de chair et d’os dans un confinement spatial, des capacités juridiques limitées et des rôles économiques marginaux. Plus qu’un paradigme, la cité toscane constitue ainsi pour Christiane Klapisch-Zuber un point de référence extrême dans une perspective comparatiste, qu’elle a constamment adoptée, à travers sa formation culturelle, son enseignement et ses échanges professionnels. Cet ouvrage collectif qui veut lui rendre hommage lui laisse d’abord la parole pour retracer son parcours. Il relit ensuite quelques thèmes essentiels de son œuvre et présente enfin des recherches qu’elle a contribué à inspirer et à encourager dans le champ de l’histoire sociale et culturelle et de l’histoire de l’art. |