A la Libération, le socialisme, constate Léon Blum, est le « maître de l’heure ». Mais est-ce vrai du Parti socialiste SFIO? Il peut s’appuyer sur un vaste courant socialisant issu de la Résistance en tentant de le canaliser à son profit. Il lui faudrait alors renoncer à ce qui a fait une part essentielle de son identité depuis 1905 : son ambition révolutionnaire. il peut encore, pour affronter les défis des temps nouveaux, rassembler ses adhérents d’avant-guerre, reconstituer ses réseaux d’antan renforcés d’hommes issus de la Résistance, et affirmer haut et fort sa fidélité aux idéaux traditionnels, proclamés toujours actuels. Ce choix est vite dépassé: un an plus tard, la SFIO n’est plus la première force politique du pays mais elle demeure au centre du système politique. Ses hommes au cœur de l’appareil d’État occupent d’importants portefeuilles et définissent la politique nationale. Ils sont pris dans l’action et ses contradictions et deviennent les gérants loyaux de l’économie capitaliste sur fond de pénuries dramatiques. A partir de 1946, sous la pression permanente des communistes et bientôt des gaullistes, les socialistes sont contraints de vivre une cohabitation avec des partenaires imposés par les circonstances. Sur leurs principes et leurs références, ils s’affrontent dans des débats internes. En 1948, dépassant ces affrontements, ils se retrouvent au sein de la coalition de Troisième force pour sauver la République menacée, avec pour seule ambition : la pérennité du régime démocratique. Une vingtaine de chercheurs ont été sollicités pour analyser la place des socialistes, leurs rapports au monde politique et à la société de leur temps, dans les années fécondes et tragiques qui vont de la Libération à la Guerre froide. Cet ouvrage original s’appuie sur de nombreuses archives inédites, depuis peu accessibles. |