Lorsque l’on qualifie l’œuvre de Ménandre, auteur comique grec de la fin du IVe siècle av. J.-C., de « comédie tragique », il ne s’agit nullement d’une catégorie littéraire inventée par la Comédie Nouvelle, mais plutôt d’une impression de lecture, d’un mode de réception d’une œuvre qui s’inscrit dans une tradition intertextuelle. La présente étude s’attache en effet à montrer comment, à la suite des évolutions progressives de la Comédie Ancienne depuis l’époque d’Aristophane, et dans une ère nouvelle inaugurée en quelque sorte par la Poétique d’Aristote, Ménandre compose un discours comique à partir des cadres de la tragédie désormais « classique » – celle d’Euripide surtout. Il ne s’agit plus pour lui de critiquer les ressorts tragiques sur le mode de la dérision paratragique comme chez Aristophane, mais de les intégrer à l’intrigue et au discours comique. Ce faisant, le dramaturge se livre plus ou moins indirectement à un examen de ses pratiques littéraires, bien propre à susciter l’intérêt de notre modernité. |