L'image du vignoble languedocien, mer de ceps déferlant à l'infini, est une création récente, née de l'impérieux essor de la fin du XIXe siècle. Cependant, jusqu'au sein d'une monoculture qui uniformise paysages et façons du travail, persistent, résistent et s'affirment de tout autres rapports à cet espace partagé. Christiane Amiel a pris, dans cet ouvrage, le parti original de s'arrêter à des pratiques qui, à première vue, ne portent pas sur l'essentiel : planter entre les ceps des légumes ou des arbres fruitiers, cueillir les plantes sauvages qui poussent dans les sillons et sur les talus, chasser les animaux si divers - du renard à la grive en passant par l'escargot - qui affectionnent ce proche terroir, habiter enfin le maset ou le granjot qui, au cœur des rangées, est comme une « maison du dehors ». Mais, en passant par la diversité de ces usages apparemment mineurs et par la profusion des mots et des discours qui les disent et les commentent, Christiane Amiel permet de véritablement comprendre l'importance culturelle de cette vigne. En effet, en écho à la très longue tradition de l'agronomie méditerranéenne, les manières contemporaines illustrent les affinités, les échanges et les répulsions qui se réalisent dans la vigne et autour |