On assiste de nos jours à un retour en force de l’histoire dans le domaine de la traductologie, que ce soit par l’examen des textes traduits ou par celui des théories antérieures auxquelles pourtant les théories contemporaines entendent se substituer depuis quelques décennies. Cette nouvelle mise en perspective de la traduction nous oblige à repenser un legs historique tributaire de méthodes d’investigation aujourd’hui contestées. La théorie française de la traduction entre la fin de l’âge classique et la fin de l’époque romantique demeure en effet inégalement connue : à défaut d’appuis sûrs, que les textes théoriques sont seuls à procurer, bien des préjugés ont pu se maintenir à son sujet au cours des cent années qui coïncident avec l’une des grandes mutations de la culture française. Pour la première fois sont réunis ici plus de 30 textes théoriques et critiques qui jettent un éclairage nouveau sur la variété des techniques et fonctions de la traduction entre 1748 et 1847, en même temps qu’ils révèlent les enjeux des grands genres réflexifs, la théorie, la préface, le compte rendu. Chacun adopte à l’égard de l’opération traduisante, de sa valeur d’échange ou de ses fonctions au sein de la culture française, des attitudes analogues ou différentes, voire concurrentes, qui constituent en même temps des repères essentiels pour l’historien de |