À travers un examen précis des dernières analyses musicales d’Adorno consacrées aux œuvres de Mahler et de Berg, cet ouvrage vise à réévaluer la pensée adornienne de la musique, tout d’abord en interrogeant son statut qui est philosophique. Ni réductible à une approche musicologique, mais ni non plus la simple application d’un système qui se construirait indépendamment d’elle, celle-ci se présente comme le foyer privilégié à partir duquel l’esthétique d’Adorno se laisse saisir comme une esthétique du concret, comme une philosophie de l’art s’élaborant à travers les œuvres. Appréhender sa pensée musicale excède donc une étude spécialisée, elle permet de circonscrire les concepts fondamentaux de son esthétique, notamment ceux de matériau, forme, et contenu de vérité. On a jusqu’à présent beaucoup insisté sur l’ouvrage d’Adorno Philosophie de la nouvelle musique. En s’attachant à ses derniers écrits, cette étude vise à épouser sa pensée musicale jusqu’à son terme pour en ressaisir la cohérence et la dynamique internes. On ne la comprend qu’au vu d’un double effort : d’une part élaborer un concept positif de la raison, d’autre part penser l’évolution de la musique dans les années post-quarante-cinq. Aussi, en précisant les termes du débat avec l’avant-garde musicale, avec le sérialisme généralisé et la musique de Cage, cet ouvrage tente enfin de dégager les raisons philosophiques qui justifient certaines réserves d’Adorno. Si cela permet de circonscrire chez lui l’idée d’une musique informelle, cela contribue surtout à remettre en chantier l’idée de son |