De Stroheim à Spielberg, de Naissance d’une nation à la trilogie Scream, de Selznick aux frères Weinstein, des Nickelodeons bondés au piratage en ligne, la question de l’acceptabilité des films traverse toute l’histoire d’Hollywood. Confrontés à diverses formes de censure, les studios s’organisent très tôt pour faire face, mais également faire place à la critique : ils engagent des censeurs internes pour incorporer à moindre coût les contraintes de chaque époque. D’où la dualité de ce livre : discipline industrielle car les studios créent des dispositifs d’autorégulation, bâtissent des digues concurrentielles, guettent collectivement tout signe d’assouplissement ou de raidissement de la censure ; innovation cinématographique car chaque film est une occasion de tester la détermination et la sagacité des censeurs. C’est une nouvelle histoire culturelle et industrielle d’Hollywood qui se révèle : celle des trouvailles d’un Hawks, d’un Wilder ou d’un Kubrick, mais aussi celle des astuces commerciales, des querelles juridiques et des confrontations publiques. Quatre dates jalonnent le récit : 1915, émergence de la censure civile ; 1934, naissance de la Ligue de la Décence ; 1968, institution de la cotation par âges ; 1999, tuerie de Columbine. Pourquoi Columbine ? Parce que le débat sur la violence fictionnelle reprend à Washington, montrant aux studios que la menace d’une censure fédérale demeure d’actualité. |