En Syrie, la nature étroitement communautaire du pouvoir (largement dominée par une minorité confessionnelle qui ne constitue que 12% de la population) a entraîné un effort particulier de légitimation. Les tentatives de construction d’une identité nationale par le régime font ainsi référence à une continuité historique - partant, il faut le souligner, de l’époque antéislamique - sur une base territoriale assez stable. La mise en valeur, encouragée par le pouvoir, des vestiges archéologiques, dont le rôle est de renforcer le discours sur un passé lointain s’inscrit dans une production idéologique dont l’auteur montre bien la complexité et les contradictions. L’ouvrage de Stéphane Valter, s’appuyant sur un long travail de terrain et une utilisation systématique des sources historiographiques et des documents officiels, fait ressortir l’utilisation qui est faite de la trace archéologique et plus généralement du patrimoine, en reliant cette réflexion aux constructions identitaires de la Nation. L’auteur nous propose une approche dense du système politique syrien actuel, depuis 1970, à l’heure où l’on s’interroge sur les perspectives d’avenir du nouveau régime. |