défis pour les catholiques français. Contraints à faire des choix, ils ont vu leurs divisions s'approfondir et se politiser lors de cette dernière phase des troubles civils et religieux du XVIe siècle. Une ligne de fracture s'est imposée, à chaud, entre ceux que l'on condamne comme politiques et les ligueurs ; elle a ensuite été sanctifiée par la légende noire qui a frappé la Sainte Union. Une telle opposition entre vainqueurs et vaincus ne rend pas compte d'une pluralité d'engagements. Doutes, hésitations et revirements ayant marqué les sensibilités religieuses et politiques traversent les différents camps. Les allégeances sont en constant mouvement, l'unité et la cohérence des ligues, partis et factions toujours en question. Nul n'y échappe : dans les communautés villageoises, les ligues urbaines, les clientèles nobiliaires, au sein du clergé comme chez les magistrats, nombre d'engagements paraissent marqués du sceau de la « bigarrure », selon un terme du temps. L'interprétation de ce moment historique doit prendre en compte ceux qui refusent de « se partialiser ». Les partisans de la modération, voire de l'attentisme, se situent dans une adhésion conditionnelle, empreinte de prudence ou de pragmatisme et même d'opportunisme, et ne se reconnaissent pas entièrement dans un camp, voire refusent d'y adhérer, demeurant à la frontière de la Ligue. S'ils sont une majorité, ils ne constituent en rien un ensemble cohérent ou uni tant leurs motivations divergent. Cet ouvrage collectif explore cet espace d'entre-deux, dans la diversité des parcours individuels ou collectifs et des moteurs de l'engagement. Ils ont en commun une même distance à l'égard du radicalisme et une volonté de concilier fidélité au roi, à la monarchie et à Dieu. |