En France, les décennies 1950, 1960 et 1970 sont traversées par une puissante révolution urbaine. Les grands ensembles, le pavillonnaire et les infrastructures routières, les centres commerciaux et les complexes tertiaires redessinent, avec une brutalité difficile à imaginer aujourd'hui, le cadre de vie des Français. En 1950, les villes ont encore leur physionomie du XIXe siècle. En 1980, c'en est terminé de cette ville ancienne, définitivement reléguée dans le passé ; la modernité urbaine s'est installée. La période des Trente Glorieuses est aussi celle d'une extraordinaire effervescence intellectuelle. De nouveaux systèmes de pensée redéfinissent les articulations entre la science et la politique, la pensée et l'action, les réalités locales et les logiques globales. Le marxisme, le structuralisme et la sémiologie, le catholicisme de gauche et la psychanalyse lacanienne se saisissent de toutes les transformations sociales et en proposent des interprétations globales et engagées. La sociologie urbaine critique naît de la combinaison de ces embrasements urbain et intellectuel. Prolixe, inventive, souvent militante, elle diagnostique la fin des villes et saisit l'émergence d'une nouvelle société, « urbaine », appréhendée à travers ses modes de vie, |