Provence et l’Italie. Réseaux qu’empruntent les cargaisons de pots, de vin, d’huile, de blé, d’épices, mais aussi les hommes d’affaires, les marchands, les ambassadeurs, les populations migrantes, qui depuis Venise ou Gênes vont coloniser les comptoirs de la mer Noire, ou encore les manuscrits qui vont transmettre dans toutes les cours d’Europe les récits des voyageurs en Orient des siècles durant et, enfin, les peintres et leurs œuvres qui délaissent les brumes nordiques pour les terres accueillantes du Sud de l’Europe. Le monde économique du Moyen Âge ne s’embarrasse pas plus que celui d’aujourd’hui des frontières des États, même si les souverains tentent de le réguler par des traités ou d’en tirer des revenus par le contrôle politique des ports et des détroits ; il brasse les affaires des plus grandes compagnies avec leurs associés, facteurs, apprentis et représentants et exploite les liens sociaux multiples de Barcelone à Alexandrie, de Lucques à Gênes, de Provence en Champagne, de Florence à Avignon et Aix. L’acculturation fait fi des distances, elle permet aux peintres hispaniques de faire des copies des maîtres flamands, aux mosaïstes byzantins de décorer la mosquée de Cordoue, à l’empereur Théophile de construire son palais de Bryas sur les rives du Bosphore à l’image du palais de Bagdad. Le monde des échanges est celui d’un monde sans cesse réinventé… |