Les trente dernières années du XXe siècle ont connu un phénomène de diffusion et de dispersion du mot « archives », traditionnellement au pluriel ou néologiquement au singulier, qui aboutit à un paradoxe : la présence terminologique des archives dans la société contemporaine est devenue nettement plus forte que celle de l’administration des archives elle-même. Ce décalage amène à formuler l’hypothèse d’une diversification des usages et d’une reconfiguration des demandes d’archives, dans ou en dehors de l’institution archivistique. L’enquête, volontairement affranchie des frontières nationales, des périmètres professionnels et des limites disciplinaires, finit par assigner une place inédite pour les archives dans la culture contemporaine. Nouvelle histoire locale, généalogie, psychogénéalogie, psychohistoire, archivages autobiographiques, accès aux documents administratifs, consultations des dossiers médicaux, accès aux origines personnelles, ouverture des données publiques, partage des images d’archives, archivages militants ou communautaires, engouement des artistes contemporains, affirmation des archives des droits de l’homme, |