L'éducation est au cœur des débats de l'après-Seconde Guerre mondiale. Au plan international l'Unesco et l'OCDE mobilisent les États membres autour de l'idée que l'éducation peut contribuer à la construction d'un monde meilleur. En France, comme dans les pays Européens voisins, les savoirs associés à l'éducation s'affichent et circulent dans le paysage universitaire. Ils se dotent d'une dimension scientifique étroitement arrimée à leur visée humaniste avec la création de laboratoires, de revues, d'associations et de réseaux nationaux et internationaux. Des recherches sur l'éducation se développent au sein d'institutions d'État (l'Institut pédagogique national, l'Institut national pour la formation des adultes de Nancy…) et se diffusent dans les mouvements d'éducation nouvelle et pour l'avancement de la recherche scientifique (colloque de Caen, 1956, et d'Amiens, 1968) ainsi que dans les mobilisations militantes des années 1960. En 1967, les sciences de l'éducation acquièrent le statut de discipline universitaire avec l'arrêté du 2 février qui crée une maîtrise sous cet intitulé. Des étudiants atypiques s'y inscrivent dans les universités de Bordeaux, Caen et Paris, puis dans d'autres universités. L'Association des enseignants chercheurs en sciences de l'éducation (AECSE) est créée quelques années plus tard. Ce volume retrace l'histoire de ce mouvement encore mal connu et invite à découvrir les conditions intellectuelles, politiques et institutionnelles qui ont permis l'éclosion d'une recherche en éducation dans ces années critiques de l'après-guerre. |