Peut-on parler de pensée « politiquement correcte » dans l'Espagne de Philippe II ? À en juger par l'autoritarisme du roi, en particulier dans ses relations avec l'Église, c'est dans le sens d'une théorisation du pouvoir absolu qu'il faudrait chercher. Or, la synthèse faite dans cet ouvrage des expressions de la pensée politique des contemporains du monarque montre bien que son absolutisme et son régalisme de fait ne s'accompagnent pas d'une théorisation. Les quelques amorces de doctrine absolutiste qui s'expriment dès l'époque des Rois Catholiques ne débouchent pas sur une doctrine claire. Certes, on peut observer une sacralisation progressive de l'image royale, à laquelle contribuent plusieurs humanistes et dont le point d'aboutissement sera l'édification du monastère de l'Escoriai. Mais les théoriciens de la « Monarchie Catholique », ceux qui par le biais de l'enseignement conditionnent l'idéologie dominante, s'opposeront à la monarchie absolue telle qu'elle avait été définie en France par Jean Bodin. Dans une mise en perspective historique et philosophique, Alain Milhou souligne la spécificité de la pensée politique espagnole contemporaine de Philippe |