Quand Colbert crée la première Compagnie royale des Indes Orientales en 1664, il nourrit de grands espoirs sur l'entreprise asiatique, malgré le demi-siècle de retard qu'accuse la France sur les autres Européens. Dès 1665, arrivent dans la péninsule indienne commis, marchands et directeurs qui ont la responsabilité de fonder les premiers comptoirs. Mais les Français ne connaissent pas l'Inde et doivent passer par une phase d'observation, de compréhension puis de maîtrise de l'espace. À eux de saisir les spécificités du négoce oriental, de prendre en compte la conjoncture locale mais également de déterminer les codes d'une cohabitation française entre négociants, officiers royaux, ecclésiastiques, médecins ou aventuriers. Mais toutes ces initiatives sont entravées par la distance qui prive les loges de marge de manœuvre, car la Compagnie des Indes est fondamentalement écartelée entre Paris (pôle décisionnel) et Surate ou Pondichéry (pôles d'exploitation). Par conséquent, la Chambre générale peine à comprendre ce dont ont besoin les comptoirs qui émergent, entraînant par là une inadéquation de moyens. Finalement, malgré quarante ans d'apprentissage laborieux, la Compagnie des Indes, accablée par trois guerres européennes, traversée par de nombreux conflits indiens, et |