Étonnamment caustiques, les Mémoires du chanoine Le Sage (1757-1832) furent pendant longtemps jugés impropres à la publication. Ils constituent pourtant un document exceptionnel sur le clergé de la fin de l'Ancien Régime aux années 1830. L'auteur est lui-même atypique : après avoir été moine à Beauport, il sillonna l'Europe jusqu'en Pologne pendant la Révolution puis, à l'annonce de la signature du Concordat, il rentra en Bretagne où il devint chanoine de la cathédrale de Saint-Brieuc. Hervé-Julien Le Sage, doté d'une culture et d'une mémoire remarquables, apparaît comme un moine d'Ancien Régime égaré dans le XIXe siècle qui fait la chronique de son temps. Ses Mémoires décrivent les transformations religieuses de la fin de l'Ancien Régime aux années 1830 d'une manière particulièrement originale. En effet, l'auteur conçoit son œuvre comme un catalogue d'erreurs destiné à instruire les futurs évêques et ne gomme nullement les aspérités de l'histoire. Au contraire, il peint d'une plume acerbe les travers de ses contemporains et s'attarde sur les épisodes douloureux. Les Mémoires du chanoine Le Sage fourmillent de détails sur les heures sombres de la Révolution et les luttes de l'Empire et de la Restauration. Le lecteur se |