L'écrivain crée son style en imprimant sa marque à la langue ; mais cette marque est celle d'un individu socialement déterminé. Le style est un acte social. Le choix et l'usage d'une langue littéraire recouvrent des enjeux sociaux. Reprenant une hypothèse autrefois soulevée par Roland Barthes, cet ouvrage se propose ainsi d'explorer la socialité des proses romanesques à l'époque moderne. Il examine en quoi les événements qui surviennent dans une langue littéraire, affectant aussi bien la grammaire que l'énonciation, trahissent une logique sociale. Les études réunies ici forment quatre tableaux correspondant à quatre intrigues sociostylistiques. « Peuple », « Migrations », « Désengagement », « Français moyen » désignent des problématiques sociales encryptées dans des stratégies d'écriture et faisant apparaître, du xixe siècle à nos jours, des noms aussi divers que ceux de Zola, Sand ou Huysmans, Jean-Richard Bloch, Irène Némirovsky, Albert Cohen ou Georges Perec, Aragon, Gide, Camus ou Robbe-Grillet, Patrick Modiano, Annie Ernaux ou Gabriel Matzneff. Ces quatre tableaux ne sont pas simplement juxtaposés. Un fil les relie. Conduisant de la passion politique au repli individualiste, ce fil retrace à sa manière une histoire de France. C'est ainsi que les styles romanesques, tissant leur propre histoire, nous parlent de l'histoire. |