L'art est-il soluble dans la technologie ? demande avec humour l'un des collaborateurs de ce volume. La réponse est évidente, comme le prouvent tous les textes rassemblés ici. Ils mettent en lumière que cette navigation dans les eaux technologiques, loin de nous éloigner des questions esthétiques, nous ramène toujours à l'essentiel : au corps scénique, au dialogue du performeur avec l'espace et le temps, au processus d'absorption du spectateur. En effet la technologie, au cœur de ce recueil, se décline sous des formes variées. Surface de réception ou d'accueil, machine désirante, source de leurre et d'illusion, environnement immersif, pôle réactif à la présence d'un spectateur, elle est ce qui met en branle la performativité des processus offerts au public. Véhicule puissant de présence et d'effets de présence, elle suscite des effets perceptifs, sensitifs, cognitifs, forçant le spectateur non seulement à expérimenter de nouvelles sensations et perceptions, et à sortir ainsi de ses chemins habituels, mais à être confronté à de nouvelles formes de narrativité en lien étroit avec l'espace et le temps de l'action. À ces développements s'ajoute une section entièrement consacrée à l'œuvre impressionnante de Janet Cardiff dont les environnements immersifs tiennent à la fois de l'installation et du spectacle et qui nous a paru être emblématique de ces environnements technologisés en expansion qui permettent d'entrer dans l'intimité des corps. |