Les textes étudiés dans Interlignes présentaient ce point commun entre autres singularités, d’avoir pour contenu et pour espace de référence ce qu’on pourrait nommer notre quotidienneté. Ceux qui sont rassemblés ici trouvent au contraire une sorte de parenté dans leur exotisme. Partis avec Camus visiter le Brésil du candomblé, on gagne avec Anne Hébert un coin perdu du vieux Québec. Jouve nous ramène dans un Paris onirique entre Baudelaire et Valéry. Rimbaud nous fait remonter l’Oise jusqu’à ses sources ardennaises. Redescendus vers Genève, voici les adolescences de Rousseau. Passés dans l’Allemagne de Goethe et des sombres ballades, nous remontons aux Pays-Bas... pour plonger dans Java, fleur tachée du sang de la colonisation. La nature tropicale, nous la retrouvons dans le charme d’un jardin d’hiver en lisant non plus un livre, mais un tableau : Manet, parisien et grand voyageur ! Qui prête l’oreille au murmure de son inconscient, croit-on qu’il va rester dupe des dépaysements de surface ? A n’explorer que la géographie, sûr qu’on ne remplit guère son sac à merveilles ; mais à ne point mettre le nez dehors, comment s’assurer qu’une même parole indicible, trahissant les mêmes désirs inavouables, marque l’humain sous tous les oripeaux et sous tous les cieux ? Surtout : si quelque chose vous console de n’ |