Les témoignages sur ce croisement du voir et de l’entendre sont, certes, nombreux, mais souvent peu explicites, les commentateurs de l’époque éprouvant une difficulté particulière à rendre compte de leur expérience d’auditeurs de théâtre. C’est à ce relatif silence de l’écoute qu’est consacré ce volume qui, en enquêtant sur les sons du théâtre, de leur enregistrement à leur transmission, propose de mieux cerner la perception auditive du spectacle à l’époque moderne. On pense spontanément que le public des XVIIe et XVIIIe siècles allait à l’opéra pour entendre des voix, des airs, des développements instrumentaux propres à suggérer l’état d’âme de tel personnage, en somme de la musique. On sait aujourd’hui qu’il s’y rendait aussi pour admirer les changements à vue, machineries et effets spéciaux qui agrémentaient la représentation, ou encore pour profiter d’un ensemble d’impressions visuelles et sonores dépendant de ce qui se passait dans la salle elle-même. Il en va de même pour le théâtre parlé, que l’on allait alors « ouïr » autant que regarder. Issues d’un programme de recherche développé au sein de l’Institut de recherche sur la Renaissance, l’Âge classique et les Lumières (IRCL-UMR 5186 du CNRS), les contributions du présent volume portent sur les théâtres parlé et chanté, tant anglais que français, du XVIe au XVIIIe siècle. |