L’intérêt pour la rhétorique a bénéficié au xxe siècle de l’impulsion donnée par l’épanouissement des sciences du langage. Libérée de la réputation sinon suspecte, du moins poussiéreuse qui avait longtemps été la sienne, la rhétorique a été reconsidérée à nouveaux frais dans les dernières décennies comme un objet protéiforme, à la fois art et science, un métalangage aux potentialités multiples. Si l’étude de la rhétorique antique, en Grèce et à Rome, est bien connue des chercheurs, son héritage au Moyen Âge et à la Renaissance méritait qu’un examen plus approfondi lui fût consacré. Le retour en grâce de la rhétorique a en effet largement profité à l’étude des textes de l’Antiquité et de l’âge classique, mais les époques médiévale et humaniste sont quelque peu restées en retrait. Durant ces périodes, la rhétorique a pourtant été un ferment vivifiant pour toute la tradition stylistique et poétique latine, et cela est sensible tant à travers les réflexions théoriques qu’à la lumière de la pratique même des écrivains. Il importait de faire le point sur le sujet : telle est l’ambition de cet ouvrage. |