départementales, il faut attendre le xixe siècle pour que l’Angleterre s’intéresse à ses archives locales. Les archives, laboratoire où se construisent les mémoires nationales, témoignent des différences structurelles entre deux États, deux sociétés, deux cultures. Mais se pose invariablement le problème de la frontière, toujours fluctuante, entre prive et public : qu’est-ce qu’un document privé, qu’est-ce qu’un document public ? La réponse diffère selon que l’on se réfère au politique ou au juridique (le document public, émis par un détenteur ou un agent de l’autorité publique, s’oppose à celui qu’émet une personne privée), ou au social (le document public est accessible au public, à l’inverse de celui qui est secret, ou, stricto sensu, privé - ici s’ouvre la problématique de l’espace public), ou enfin au métier d’historien (les documents publics sont ouverts à l’historien, par opposition à ceux conservés dans des fonds inaccessibles). Cet inventaire d’oppositions n’est pas restrictif et aucune de ces catégories n’est stable : elles subissent des variations, variations dans le temps, mais aussi variations selon les domaines auxquels appartiennent les documents (ainsi, par exemple, le glissement du religieux du public vers le privé, ou, à l’inverse, de l’intelligence - au sens anglais - du privé vers le public). Pourtant, chacune de ces frontières a laissé des traces dans la constitution, la conservation et la classification des fonds d’archives à partir desquels les historiens ont construit les deux mémoires de la France et des îles Britanniques. Les études proposées dans ce recueil, adoptant des points de vue divers et parfois inattendus, nous révèlent ces multiples discordances qui éloignent et… |