Dans le champ étendu des recherches actuelles sur le corps, la question des cinq sens et de leur hiérarchie est peu abordée. C’est le premier ouvrage véritablement consacré à l’histoire des cinq sens, à leur théorisation philosophique et à la variété de leur mise en scène dans la littérature et les arts, occidentaux principalement. Son organisation chronologique, depuis l’Antiquité grecque jusqu’à l’extrême contemporain, met en lumière les différentes manières dont nos modes sensoriels ont été appréhendés durant l’histoire, traduisant l’évolution de nos schémas de pensée non seulement sur le corps et ses sensations, mais aussi sur l’âme. C’est l’identité humaine qui s’en trouve redessinée. L’ouvrage obéit à une approche résolument plurielle et pluridisciplinaire, selon les fondements essentiels des études sur l’imaginaire, dans les domaines de la littérature, la médecine, la philosophie, l’anthropologie, la religion, aussi bien que dans les arts (l’iconographie, les arts plastiques, le théâtre, l’opéra, la bande dessinée), chacun révélant la fécondité de cette notion. Instauré par Platon, repris par Aristote, adopté par les Romains, le débat des sens témoigne du dualisme entre le corps et l’esprit qui structure toute l’histoire de la pensée occidentale. Notre culture s’est construite autour de la vue et, dans une moindre mesure, de l’ouïe, sens valorisés parce qu’ils font tendre le corps humain vers le corps divin, tandis que le goût, l’odorat et le toucher étaient considérés comme des sens inférieurs entraînant |