De Cicéron à Pétrarque, d’Érasme aux auteurs des livres pour secrétaires qui affluent sur le marché éditorial aux xvie et xviie siècles, l’écriture épistolaire ne cesse de se plier, sous la plume des écrivains, à de nouvelles exigences d’expression littéraire, entre tradition et modernité. Accédant au statut de genre littéraire, portée par l’élan humaniste et le classicisme de la Renaissance, la lettre finit par acquérir définitivement une valeur exemplaire pour propose des modèles de style, de langue, tout en contribuant à façonner les formes du vivre ensemble et les représentations de l’homme en société. Les études réunies dans ce volume collectif offrent une analyse approfondie de la notion d’exemplarité appliquée à la littérature épistolaire de la première époque moderne. Il s’agit d’une forme littéraire sur laquelle les études sur l’exemplarité ont fait l’impasse, pour privilégier le domaine de la nouvelle, du roman ou de l’écriture autobiographique. Quelles sont les stratégies qui président à la construction de l’exemplarité épistolaire ? Les auteurs et les ouvrages considérés dans ce volume recouvrent le territoire de la République des Lettres, incluant l’Italie, la France, l’Espagne, sans oublier l’apport d’un penseur cosmopolite comme Érasme. Dans cette perspective interdisciplinaire, les approches de la notion d’exemplarité sont multiples : elles permettent de suivre l’émergence de figures du « je » épistolaire qui se veulent exemplaires car elles proposent des paradigmes de vie fondés sur des valeurs intellectuelles, philosophiques, spirituelles, etc. Elles soulignent aussi l’importance des réseaux de correspondance et des modèles de sociabilité, sans négliger enfin la dimension pédagogique propre à l’enseignement scolaire de l’art de la lettre et aux manuels. Lieu de négociation et de partage, la lettre n’a-t-elle pas réinventé les formes de l’exemplarité ? |