Les termes « lyrisme », « lyrique », massivement utilisés dans la critique littéraire, paraissent relever le plus souvent d’un usage pré-critique. Etiquettes indispensables à toute description de la poésie depuis le romantisme, ces notions restent vagues et mal définies, trop souvent confondues avec l’effusion et l’expression spontanée du sentiment. A l’heure où les poètes eux-mêmes débattent pour ou contre le retour du lyrisme, il parait urgent de combler cette lacune et de prendre la mesure de la crise ouverte dans la poésie française à partir des années 1860. Plus que la distinction des genres et que l’évolution des formes, c’est le rapport du sujet à son acte poétique qui est au cœur de la problématique du lyrisme. De l’ironie baudelairienne à la « disparition élocutoire » du poète, de l’« écho sonore » hugolien au « poète invisible » que fait entendre Philippe Jaccottet, c’est bien la question du sujet qui s’est trouvée posée et qui a détermine le devenir de la poésie moderne. Les vingt-et-une études rassemblées dans ce volume sont dues à des critiques reconnus et, pour certaines d’entre elles, à des poètes. Elles proposent des avancées théoriques, des analyses d’œuvres majeures et des propositions poétiques que les recherches ultérieures ne pourront ignorer. |