Emules en cela des Lacandons du Chiapas, les Indiens Jicaques du Honduras ont lutté pendant plus de trois siècles contre les colons espagnols qui voulaient les asservir et contre les missionnaires qui s’efforçaient de les convertir. Quand la résistance de ce peuple s’effondra, au milieu du xixe siècle, une poignée d’irréductibles se réfugia dans les forêts, alors désertes, de la Montaña de la Flor, pour continuer à y mener la vie libre à laquelle ils étaient attachés. Leurs descendants sont maintenant plus de quatre cents, malgré les fâcheux effets de la consanguinité qui multiplie parmi eux le nombre des sourds-muets. Ils ont obtenu la concession officielle de leurs terres, dont ils interdisent, en principe, l’accès aux étrangers. Avec leurs sarbacanes, leurs longues chevelures, leurs jambes nues et leurs tuniques de couleur foncée, ils apparaissent comme des reliques du passé précolombien. Mais ils sont maintenant pressés de tous côtés par des voisins blancs ou métis de plus en plus nombreux. Pendant plusieurs séjours au Honduras, Anne Chapman, vivant en limite de la réserve jicaque, sut gagner la confiance, puis l’amitié d’Alfonso Martínez, le meilleur détenteur des anciennes traditions orales d’un peuple déjà en voie d’acculturation. Ce narrateur étonnamment doué, |