Premier artiste à réclamer une lecture de ses toiles, auteur de multiples écrits sur l’art, peintre philosophe pour la postérité, Nicolas Poussin laisse une œuvre considérée comme le paradigme d’une peinture offerte au discours : invitant ainsi le spectateur à retrouver, pour chaque tableau, le texte sous-jacent qui l’explique, dans une parfaite complémentarité du pictural et du verbal. L’intérêt constant des écrivains pour cette œuvre a semblé confirmer ces assignations initiales. La redécouverte de l’art de Poussin, dans la seconde moitié du XXe siècle, ébranle de telles évidences. Si des poètes comme Yves Bonnefoy, André du Bouchet, René Char et Philippe Jaccottet, et un romancier, Claude Simon, se tournent vers cette œuvre intempestive, ils ne sont pourtant pas nostalgiques d’une figuration qui déclencherait d’emblée le discours littéraire. Prélevant sur les toiles du maître classique des fragments de textes ou de figures, leurs poétiques singulières suscitent des traces qui font vaciller les discours interprétatifs ; elles inventent de nouvelles écritures pour dire le visible, des théories de l’ |