La traduction est couramment définie comme une opération qui relie deux cultures nationales monolingues. Mais qu’en est-il des traductions produites au sein de cultures nationales ou régionales plurilingues comme le Canada, la Belgique, la Suisse ou les Caraïbes ? Peut-on encore arguer à leur propos de « sources » et de « cibles » ou de relations de « symétrie » et d’« équivalence », sachant que les cultures diglossiques ou pluriglossiques instaurent plutôt des inégalités entre les langues et les littératures ? Si les cartographies qui représentent l’espace culturel ont longtemps cherché à minorer ou à occulter ces inégalités, il s’impose de reconsidérer la nature des relations intraculturelles à mesure que les cultures se reconnaissent de plus en plus ouvertement comme plurilingues. Les notions de frontière (linguistique) et d’espace (national) y sont aujourd’hui mises à mal, en faveur d’une hybridation des langues dont la traduction se ressent à son tour. Cet ouvrage réunit des contributions théoriques, historiques et analytiques sur les traductions dans les cultures plurilingues. Il s’attache plus précisément à la période qui va de la naissance des idéologies monolingues au XIXe siècle à leur questionnement radical à partir de la seconde moitié du XXe siècle. |