Paru en 1842-1843 dans la Revue indépendante que George Sand venait de fonder avec le philosophe socialiste et républicain Pierre Leroux, ce vaste ensemble romanesque est aujourd'hui considéré comme un des sommets de son œuvre de fiction. Roman d'aventures et roman historique, c'est en même temps un roman d'amour, un roman social, un roman initiatique au féminin, et un grand roman sur la musique qui met en question les rapports entre art savant et art populaire, art sacré et art profane, et interroge la fonction de l'artiste dans la société. La relation du romantisme français et des utopismes sociaux du xixe siècle avec les Lumières et les espoirs révolutionnaires du siècle précédent constitue un de ses enjeux majeurs, entre dette nostalgique et prise de distance critique. Ce livre, issu d'un séminaire et d'un colloque international tenus à Lyon en 2001, réunit les contributions de vingt-neuf spécialistes de littérature française, littérature comparée, histoire et musicologie. Ils ont concentré leur attention sur la poétique romanesque propre à Sand ; sur son traitement de l'opéra, des fêtes et de la musique ; sur sa conception de la famille humaine, entre violences et échanges ; sur le sens de l'initiation ; sur les modèles littéraires et idéologiques qui sont pris pour références ; sur les influences qu'elle a pu exercer. Leurs recherches ont été portées par une double exigence : lire George Sand en la resituant avec précision dans le contexte des productions artistiques et des débats de son temps ; faire apparaître la cohérence et l'originalité de son écriture dans ce qui aurait dû n'être qu'un conte dans une revue à caractère militant, et qui est devenu un des très grands romans du premier xixe siècle français, comparé par Alain au Wilhelm Meister de Goethe. |