Dès la Libération, « faire l’histoire de la Résistance » a été perçu comme une tâche posant des problèmes spécifiques aux historiens. On ne peut comprendre les vicissitudes d’une historiographie à la fois riche et complexe sans prendre en compte les moyens mis en œuvre pour faire face à ce défi, et notamment les travaux du Comité d’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, qui pilota jusqu’en 1980 la plupart des travaux menés sur la Résistance. Pionnier par le recours aux enquêtes orales, unique par l’utilisation d’un réseau de correspondants régionaux, anciens résistants pour beaucoup, ce Comité est le signe le plus visible d’un phénomène plus général : l’implication des résistants et de leurs associations dans l’historiographie de la Résistance. Celle-ci a donc été dès l’origine au cœur de questions aujourd’hui ressassées : la relation conflictuelle entre histoire savante et mémoire individuelle et collective, la possibilité même d’une histoire du temps présent, les risques d’une histoire officielle – sachant que le Comité n’en était pas moins animé et piloté par des historiens professionnels, et non des moindres puisque Lucien Febvre en fut le premier président. Organisé par la Fondation de la Résistance et l’institut d’études politiques de Lyon, ce colloque avait donc pour enjeu d’évaluer le degré de pertinence de l’affirmation courante selon laquelle on serait passé progressivement « de la mémoire à l’histoire », de poser les jalons pour une étude dépassionnée des relations entre historiens et acteurs en histoire contemporaine et du lien entre évolution historiographique et demande sociale. Sans prétendre à l’exhaustivité, tant le champ couvert par le Comité fut vaste, les contributions rendent compte de sa genèse, de ses méthodes, de ses publications, des problèmes rencontrés pour accéder aux archives. Pour mettre en perspective son apport, d’autres acteurs de cette historiographie ont été évoqués aux niveaux régional et national mais aussi international… |