Le cavalier armé de sa lance triomphe du dragon, mais le monstre de l’hérésie renaît sans cesse et le combat des nobles pour le salut peut paraître sans fin… La défense de l’ordre religieux par les armes est-elle, cependant, une constante de l’identité nobiliaire, comme le laisserait accroire la permanence du mythe de saint Georges dans les représentations ? Le présent recueil, qui rassemble les contributions au colloque international tenu en décembre 2008 à l’université Rennes 2, illustre la diversité des formes d’engagement des nobles pour la foi sur une période cruciale de l’histoire des mobilisations religieuses (XIIIe-XVIIe siècle). Trop souvent reléguée au rang de simple « bras armé » de l’Église, la noblesse a ainsi pris une part active à la défense de la foi, qui ne se réduit pas à la lointaine expérience des croisades contre les infidèles, ni même au seul usage des armes. Aux XIIIe-XIVe siècles, la défense de la foi par la noblesse s’organise dans un cadre encore largement façonné par la papauté, la Chrétienté. Son effacement progressif, dès avant les Réformes religieuses du XVIe siècle, ne fait que démultiplier les possibilités d’implication de la noblesse. Au moment où la pureté de la foi devient aussi l’affaire des États, la noblesse doit reconsidérer sa participation au maintien de l’orthodoxie. De part et d’autres des nouvelles barrières confessionnelles qui s’érigent dans l’Europe des guerres de Religion, les nobles s’efforcent, non sans ambiguïtés, de conjuguer le combat pour la foi, la fidélité au prince et la perpétuation de l’ordre social. |