Envisager l’histoire de l’université à l’échelle de la ville est loin de constituer une évidence. En effet, les savoirs, les hommes ou les grades de l’université ne peuvent se laisser enfermer dans le cadre étroit d’une cité, comme en atteste l’intense circulation des hommes, des livres ou des idées. L’ambition de cet ouvrage est pourtant de réinscrire l’université de l’époque moderne dans son environnement immédiat, de rompre avec l’image d’une institution « hors-sol ». Après tout, les universités restent assimilées par leurs statuts aux autres métiers urbains, les rapports avec le reste de la population sont quotidiens et l’enseignement ou la délivrance des grades représentent une activité économique qui intéresse la ville entière. Ces traits généraux, valables dès le Moyen Âge, connaissent entre Renaissance et Lumières des transformations qui constituent l’objet de ce livre. Si l’université paraît de plus en dominée par la ville, de Paris à Édimbourg, d’Helmstedt à Leyde, de nouveaux usages animent les relations entre villes et universités. Professeurs et étudiants participent à l’introduction de nouveaux savoirs ou de nouvelles pratiques sociales. Ils ne manquent pas d’intervenir dans les débats politiques qui agitent les élites urbaines. La présence de l’université, partout défendue avec véhémence dans le cadre d’une concurrence sévère, renforce le capital symbolique des villes. À partir du choix central de l’échelle locale, l’ouvrage invite ainsi à revisiter les fonctions et la place de l’institution universitaire dans la ville à l’époque moderne. |