L’histoire globale est à la mode. Certains le déplorent, au nom de la défense d’une identité nationale qui ne pourrait être conçue que dans le cadre des frontières de ce qui est devenu aujourd’hui la France, ou éventuellement de la « chrétienté », pour y trouver d’hypothétiques racines historiques. D’autres en font un nouveau terrain de réflexion, au risque de comparaisons hasardeuses ou de connexions artificielles. Les historiens français, et les médiévistes plus encore peut-être, ont tardé à s’emparer de ces sujets venus à la fois du monde anglo-saxon et des nouveaux pays émergents. Peut-être parce qu’ils se satisfaisaient de l’héritage, pourtant ancien et maintenant questionné, de Fernand Braudel. Peut-être aussi en raison de cloisonnements académiques entre l’histoire européenne et méditerranéenne largement représentée à l’université, et celle des mondes plus lointains qui s’épanouit dans d’autres cadres institutionnels. Les mondes médiévaux sont pourtant profondément connectés, parfois à très longue distance, et il n’a pas fallu attendre les Grandes Découvertes et la modernité pour voir des hommes et des femmes se déplacer et échanger, parfois au loin. Il appartenait donc à la communauté des médiévistes de réfléchir sur les modalités de ces connexions, non pour revendiquer l’existence précoce d’un « village global » ou pour nier l’existence d’espaces et de mondes qui ont leur propre cohérence interne à une époque donnée, mais pour réfléchir aux conditions épis- témologiques d’une telle approche. À quelle échelle doit-on penser les phénomènes historiques ? Telle est la question, centrale pour toute recherche, que pose ce 47e congrès de la Société des historiens médiévistes de l’Enseignement supérieur public. Les communications réunies dans ce volume d’actes s’ouvrent donc sur des horizons vastes, vers l’Asie centrale et l’Extrême-Orient, vers l’Afrique subsaharienne et l’océan Pacifique, sans négliger pour autant des espaces européens et méditerranéens qui… |