Au cœur des années 1990, un phénomène intriguant s'est produit : les médias, et singulièrement la télévision, habituellement sourds aux mobilisations « d'exclus », s'en sont subitement emparé, pour s'en détourner ensuite presque complètement. Quelques unes de ces protestations allaient rester dans les mémoires, comme le mouvement des sans-logis de la rue du Dragon à l'hiver 1994-1995, le mouvement des sans-papiers de Saint-Bernard à l'été 1996, le mouvement pétitionnaire contre la loi Debré sur l'immigration début 1997, ou encore le mouvement des chômeurs à l'hiver 1997-1998. À travers le cas des journaux télévisés, cet ouvrage retrace la manière dont les médias français ont rendu compte des mobilisations en faveur des « sans » : sans logement, sans papier, sans emploi. Il comble ce faisant un angle mort de la recherche sociologique française, en exposant ce qui se joue à l'interface du monde des médias et de celui des mouvements sociaux : à quelles conditions, et dans quelle mesure, les rencontres entre journalistes et porte-parole des groupes mobilisés sont-elles possibles ? comment ces causes sont-elles (re)traduites sous |