On ne parle pas toujours de la même chose lorsqu'on croit traiter des mêmes sujets. Ainsi de « l'histoire religieuse » pour les Français et les Allemands. Les vingt-six contributions rassemblées dans ce volume mettent en regard deux passés contrastés auxquels les approches historiennes du fait religieux demeurent, dans leur diversité, strictement indexées, tout en portant de part et d'autre du Rhin le regain d'intérêt pour la période dite de la « première modernité ». Il sera question ici de cadres institutionnels distincts et parfois concurrents (« histoire religieuse », histoire de l'Église, histoire et ethnographie régionales) ; de méthodes disjointes, mais rapprochables (sociologie religieuse, confessionnalisation) ; de terminologies intraduisibles qui disent l'écart de deux mondes (« paroisse » et Gemeinde, Geistlichkeit et « clergé ») ; d'événements générateurs de leurs temps et de leurs questions propres (Réforme protestante et « sécularisation », Révolution française et « déchristianisation ») ; de la différence enfin des histoires que l'on écrit selon qu'on se trouve en régime de laïcité ou de distinction confessionnelle. Au-delà d'un dialogue franco-allemand étendu à des objets qui avaient jusqu'alors été pensés séparément, on trouvera ici l'expérimentation d'une historiographie comparée visant à permettre aux uns et aux autres un retour sur soi et sur l'évidence présumée des disciplines, des vocabulaires et des questionnaires. |